Milly-la-Forêt, le Cyclop, une œuvre d’art dans la forêt

Dans cet article, je vous propose de faire une balade en forêt pas comme les autres. En effet, nous allons visiter une maison d’artistes construite dans la forêt de Fontainebleau, sur la commune de Milly-la-Forêt dans l’Essonne (91). Nous allons découvrir l’œuvre de Jean Tinguely, un artiste d’origine suisse, qui s’intitule le Cyclop, alors en route ! 🙂

Le Cyclop

Le Cyclop est une sculpture monumentale qui trône en pleine forêt, réalisée entre 1969 et 1994. Elle est située dans le Bois des Pauvres à Milly-la-Forêt. Son accès est réglementé pour des raisons de conservation et la visite est payante. La sculpture est faite de béton et d’acier et mesure 22 mètres de haut, elle est très impressionnante et totalement en décalage avec les lieux.

Jean Tinguely est né en 1925 à Fribourg en Suisse et décède à Berne en 1991, il ne verra donc pas son œuvre achevée. Il commence tout d’abord sa carrière par la peinture, mais est peu satisfait du résultat, il abandonnera par la suite. Ses sculptures sont réalisées à partir de rebuts de la société industrielle, des matériaux de récupération. Il réalise des machines qui sont une critique de cette société, elles sont là principalement pour tourner en dérision les techniques modernes. En 1953, il s’installe à Paris avec sa première femme, Eva Aeppli et en 1956 il rencontre Niki de Saint Phalle qui devient sa seconde femme.

Le Cyclop est son projet mais aussi le leur, ils l’ont réalisé avec leur famille de cœur, divers artistes, qui les ont aidé dans cet énorme chantier, ils souhaitaient que ce Cyclop soit une maison, un atelier et un lieu d’expériences. Il n’est pas possible de prendre des photos de l’intérieur en raison de droits d’auteurs sur certaines œuvres, je vais tenter de vous décrire au mieux les lieux.

Le site

On trouve une zone de stationnement au sud du Cyclop, si vous y allez le week-end, elle pourrait être rapidement prise d’assaut. Ensuite, il faut marcher à peine 5 minutes et on y arrive. Il n’y a pas de visites le matin, la première est à 14h et on ne peut pas réserver. Ce n’est pas ouvert tout l’année, uniquement d’avril à octobre et hormis l’été où il y a des visites presque tous les jours, le reste du temps il faudra y aller les vendredis, samedis et dimanches. Toutes les visites sont guidées, la capacité est de 25 personnes maximum. Je vous conseille d’y aller pour la première visite à 14h et un peu en avance pour ne pas attendre 45 min de plus.

Si vous souhaitez vous y rendre en transports en commun, cela ne sera pas chose facile. Il vous faudra emprunter le RER D et descendre à la gare de Maisse et marcher ensuite un peu plus d’une heure, il y a environ 6 km à parcourir.

A l’extérieur de l’enceinte, on retrouve quelques affiches et autres peintures sur des palissades. Pour aller acheter les billets, il faut entrer dans cette grosse bulle gonflable avec les ouvertures allongées avec vue sur la forêt. C’est marrant parce que pour y rentrer, on doit passer par de gros boudins gonflables, c’est pour conserver la chaleur mais on se croirait dans une fête foraine.

L’extérieur

En attendant le début de la visite, je fais le tour du Cyclop, très impressionnant de part sa hauteur. En terme de look, c’est une vraie curiosité, il n’a qu’un œil, qu’une seule oreille, il est fait de bric et de broc, d’une multitude de mécanismes. On retrouve une jauge géante en métal rouge et blanc qui indique la taille du Cyclop, elle a été réalisée par Jean-Pierre Raynaud et installée en 1973. Les plus observateurs auront remarqué un wagon en hauteur. Il est en porte-à-faux et a été installé en 1991. On y retrouve à l’intérieur 15 personnages en soie blanche vêtus de tissu noir, c’est l’œuvre d’Eva Aeppli (sa première femme) et s’intitule « hommage aux déportés ».

Lors de la visite guidée, on y passe quand on se trouve à l’extérieur du Cyclop, il y a des escaliers qui y mènent. Toutes les roues que l’on voit font partie d’un vrai mécanisme. A l’intérieur, il y a une grande machine, qui fonctionne toujours et qui fait tomber de grosses boules en métal de 35 cm de diamètre (un peu comme des boules de bowling) le long de rails disposés tout autour et à l’intérieur du Cyclop. Notre guide a activé ce mécanisme, c’était assez bruyant mais très marrant. On peut donc voir cette grande oreille, qui oscille quand le mécanisme interne est activé. Elle est l’œuvre de Bernhard Luginbühl, un sculpteur suisse, elle pèse environ 1 tonne et à été montée à la force des bras de plusieurs artistes. Le seul élément qui a nécessité une grue est le wagon. On remarque également que le Cyclop est imbriqué dans 4 chênes centenaires.

Sur tout le visage du Cyclop, il y a des miroirs, ils sont l’œuvre de Niki de Saint Phalle. Ils ont été installés de 1987 à 1991. Quand je débute la visite, j’entre par une grande porte noire et de forme ronde, elle a été réalisée par Bernhard Luginbühl, elle fait beaucoup penser à une porte de coffre fort, petit clin d’œil de cet artiste suisse. Derrière le hall, on aperçoit un flipper géant, fait de métal. On ne peut pas passer à côté ni l’utiliser, il est extrêmement lourd, il faut être 2 pour y jouer. On retrouve un gros tuyau peint en noir, visible depuis l’extérieur. Il vient du Centre Georges Pompidou à Paris, il aurait été volé sur le chantier, d’autres versions disent que le premier directeur du Centre, Pontus Hultén, aurait donné ce conduit d’aération à Jean Tinguely.

Le premier étage

A l’intérieur du Cyclop, il y a plusieurs étages. Au premier, on trouve la grosse machine, et une sculpture qui s’appelle « pénétration sonore » de Jesús-Rafael Soto, ce sont des tubes d’acier suspendus, elle a été réalisée en 1960. L’auteur invitait les gens à passer à travers pour faire de la musique, sa propre musique, car tout le monde étant différent en corpulence et en taille, les résultats sont tous différents. Actuellement, sur le groupe de visite, seulement quelques personnes sont invitées à passer à travers car avec le temps, la sculpture devient de plus en plus fragile.

Juste à côté on retrouve la « colonne » de Niki de Saint Phalle, qui est recouverte de céramiques et de miroirs. A l’extérieur, on tombe sur une compression de César et la plaque d’inauguration du Cyclop. Elle est assez originale car elle n’apparaît que quand on met dans une fente un cachet d’aspirine, par un jeu de réactions chimiques, la plaque apparaît le temps de la dissolution du cachet. Il y a également des moulages « les gisants » de Rico Weber qui sont en fait les moulages de son propre corps faisant la sieste.

Le deuxième étage et le toit

Au 2ème étage du Cyclop, un petit théâtre a été installé. On y retrouve un grand marteau frappant sur une bonbonne d’eau. A droite de la scène, un banc et un monsieur assis lisant son journal, œuvre de Niki de Saint Phalle. A gauche, une reproduction de la chambre de bonne de Tinguely quand il est arrivé à Paris au début des années 50. L’auteur est Daniel Spoerri, la spécificité de cette œuvre, c’est qu’elle est renversée à 90°, une vue très inhabituelle, par le dessus, comme si nous étions sur le toit et que l’on regardait depuis un velux.

On termine la visite du Cyclop par le toit. En plus d’une très belle vue sur la forêt, on trouve un grand bassin rempli d’eau. Il s’agit de « l’Hommage à Yves Klein », l’eau reflète le ciel bleu ce qui rappelle les « Monochromes » de Klein.

Revenons maintenant à l’extérieur, on peut voir sur ce côté qu’il y a beaucoup d’escaliers, en fait, tous ne sont pas vrais, ce sont des leurres contre les intrus. Ils ne mènent nulle part, se rejoignent, tournent en rond. A une époque, le Cyclop était régulièrement vandalisé, il n’y avait pas de clôture autour de l’œuvre, Jean Tinguely avait envie de se jouer des « pénétrateurs » comme il les appelait.

Conclusion

Cette maison d’artistes est surprenante, en plus de trouver cette grande tête en plein milieu de la forêt, elle regorge d’œuvres toutes empruntes de beaucoup d’humour et de dérision. Certaines poussent le visiteur à se questionner sur l’art en général. Le Cyclop a été conçu par différents artistes, c’est un chantier étalé sur plusieurs décennies, c’est la vision de Jean Tinguely mise en application par sa famille artistique. Il a réussi la prouesse de rassembler une quinzaine d’artistes de différents horizons, chacun avec sa personnalité propre et ses centres d’intérêt, sans que le chantier ne parte dans tous les sens. Je vous invite à y faire un tour, même si je vous ai fait un récit de ce qu’il y a l’intérieur, rien ne vaut de le voir en vrai ! J’ai trouvé cette visite originale et plus d’une œuvre m’a fait sourire. Cette maison d’artistes est une curiosité à découvrir ! Qu’en avez-vous pensé ? Connaissez-vous le Cyclop ou Jean Tinguely ? 🙂

#En France Aussi

Cet article a été rédigé dans le cadre du collectif interblogueurs “En France Aussi” qui fait la promotion de notre beau pays. Le thème du mois était “maison d’artistes”, piloté par Paule-Elise du blog 1916 kilomètres.

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