Visiter la cité médiévale de Moret-sur-Loing et déguster des sucres d’orge

Dans cet article, je vous propose de partir à la découverte de la ville de Moret-sur-Loing en Seine-et-Marne (77) qui fait partie des “Plus Beaux Détours de France”. La ville dispose d’un joli patrimoine médiéval et on y retrouve également une friandise bien connue de tous, le sucre d’orge. Son origine se situe bien à Moret-sur-Loing, ce sont des religieuses qui ont mis au point la recette en 1638, ce qui en fait l’une des plus anciennes friandises connues en France, alors en route ! 🙂

Moret-sur-Loing

Tout d’abord, je dois apporter une précision, la commune a changé de nom, elle a pris le nom de Moret-Loing-et-Orvanne en 2017. Le nom de Moret-sur-Loing revient fréquemment car l’appellation apparait sur les sucres d’orge. La commune est traversée par le Loing, un affluent gauche de la Seine. Ses bras donnent l’occasion de découvrir de belles berges remplies d’oies, de canards et de cygnes.

Il y a quelques petites îles, on en retrouve d’ailleurs plusieurs dans le centre de Moret. La ville se situe à environ 75 km de Paris, elle compte près de 12 500 habitants et 112 lieux-dits. Une ligne de Transilien y passe, la ligne R, vous pourrez donc, depuis Paris et en 50 min environ, descendre à la gare de Moret-Veneux-les-Sablons, qui se situe dans le nord-est de la ville. Ensuite 20 min à pieds environ vous attendent. Dans le centre, vous pourrez flâner au musée de la ville qui y retrace son histoire, il y a également des expositions d’art contemporain.

Le passé de la ville est lié au peintre impressionniste Alfred Sisley (1839-1899). Il n’y est pas né, mais y a passé ses dernières années, il dira même que l’atmosphère et la lumière de la Seine et Loing lui avaient permis d’affirmer son art. Dans la ville, vous retrouvez plusieurs galeries d’art ainsi que plusieurs lieux d’exposition. De nombreux autres artistes sont passés par Moret, BalzacVoltaire ou bien encore Maupassant.

Si vous avez faim, de nombreux restaurants vous attendent, j’ai, pour ma part, testé le Jardin des Lys. Proche du centre-ville, à environ 5 min à pieds, vous pourrez manger dans un très beau cadre, dans une ancienne maison avec la terrasse au bord de l’eau. Les menus vont de 23 à 55 € et je m’y suis régalée. J’avais repéré un petit salon de thé qui avait l’air très sympa, Von Grüt, qui fait en même temps galerie d’art, mais je n’ai finalement pas pu y aller. Je pense que cela sera pour une prochaine fois.

La cité médiévale

Moret a conservé plusieurs éléments qui témoignent de son passé médiéval. Il reste une bonne partie de ses fortifications qui datent des 12ème et 15ème siècles. Une fois que vous aurez traversé le pont, qui date du 12ème siècle (en arrivant du côté du Loing), vous ne pourrez pas louper la porte de Bourgogne. Passez dessous et vous arriverez sur une grande artère commerçante, la rue Grande, jalonnée de vieux bâtiments. Dans une des maisons, Napoléon 1er passa une nuit à son retour de l’île d’Elbe en 1815.

Au bout de la rue, vous trouverez la 2ème porte, la porte de Samois (ou de Paris). Au pied de celle-ci, on peut voir une borne qui indique 36, cela représente le nombre de demi-lieues qui séparent Moret de Paris, cela représente environ 75 km. Il existait une 3ème porte mais il n’en reste plus aucune trace de nos jours. Baladez-vous dans les petites rues perpendiculaires, elles sont très mignonnes, leurs propriétaires ont très souvent accordé un grand soin à l’entretien et la décoration.

Partez vers le sud depuis la rue Grande pour aller à la rencontre de l’église Notre-Dame de style gothique. Elle date des 12ème et 15ème siècles. Plus au sud encore, vous pourrez voir le donjon (12ème siècle). Il a été partiellement détruit pendant la Révolution et transformé au cours du 19ème siècle. Non loin de la mairie, vous pourrez admirer la jolie maison dite de François 1er, avec une façade riche en décors dont notamment la fameuse salamandre de ce dernier.

En revenant vers le Loing et ses quelques petites îles, vous aurez plusieurs points de vue sur le cours d’eau. Avant 1944, date à laquelle il y eu des bombardements, il y avait plusieurs moulins. Certains à blé, d’autres à tan, qui broyaient l’écorce de chêne de la forêt de Fontainebleau mais également un moulin à foulon, pour traiter les peaux utilisées par les gantiers notamment. Au milieu du Loing se trouve une maison, accessible par un petit pont. A cet emplacement se trouvait le moulin Provencher, détruit également en 1944, c’était l’unique moulin à foulon.

Les sucres d’orge des religieuses

L’ancien moulin Provencher abrite donc de nos jours une autre bâtisse, celle qui abrite le musée du sucre d’orge, il s’y trouve depuis 2013 mais avait ouvert en 1995 à un autre emplacement. J’ai eu le grand plaisir d’être accompagnée par Yvette Rousseau, qui a travaillé 45 ans à la fabrication des sucres d’orge. Bien que l’entreprise ait été rachetée en 2012, elle reste la référence pour conter l’histoire et la fabrication de ces friandises.

Les sucres d’orge ont été inventés par des religieuses bénédictines du prieuré de Notre-Dame des Anges en 1638 sous Louis XIII. Elles découvrirent que la décoction d’orge perlé pouvait colorer et parfumer le sucre de canne cuit. Elles en firent des bâtons qui servaient de médication calmant les maux de gorges des moines chargés de lire des sermons et des prédicateurs. Les sucres d’orge que vous pouvez déguster aujourd’hui ont le même goût que ceux de l’époque, la recette est inchangée et secrète. Il n’y a pas de colorant, ni de conservateur ou bien encore de glucose. Ce bonbon faisait les délices des plus hauts personnages, ils en emportaient de grandes quantités quand la Cour venait à Moret.

Napoléon en raffolait, tout comme Sarah Bernhardt qui en dégustait avant chaque représentation. Le sucre d’orge subit un déclin suite à la disparition du monastère bénédictin en 1792 mais retrouvât un nouvel essor sous le Second Empire. Les religieuses ont fabriqué le fameux bonbon jusqu’en 1972, date à laquelle elles transmirent la recette au confiseur Jean Rousseau. Sa famille est morétaine depuis plusieurs générations et est aussi une amie intime des Religieuses de Moret.

Yvette Rousseau est la belle-fille de Jean Rousseau. Avec Daniel, son mari, ils fabriquèrent les sucres d’orge, avec également une version en forme de berlingot, pendant de très nombreuses années. Les berlingots sont marqués d’une croix et des initiales R et M (pour Religieuses de Moret). Ils sont recouverts d’une fine couche de sucre glace pour éviter qu’ils ne collent dans leur boîte. La maison Rousseau a créé la confrérie du Sucre d’Orge en 1997.

Dans le musée, vous pourrez voir un petit film de 15 min environ dont notamment l’étape captivante qui consiste à verser le sucre, encore chaud, sur la table de fabrication. Divers objets (qui ont servis à la fabrication comme des cylindres) sont exposés en vitrines. Dans un grand livre d’or historique, vous pourrez même croisez la signature et un petit mot de Jean Jaurès.

L’emballage est toujours géré de manière artisanale, 280 à 300 bâtons peuvent être emballés à l’heure de la main d’une personne. A l’année, 36 000 bâtons sont produits, toujours de manière artisanale. Le seul élément, lors de la fabrication, qui n’était pas utilisé par les religieuses est une turbine, introduite en 1980 pour le glaçage des berlingots. En 2012, la société Des Lis Chocolat rachète la société Jean Rousseau. Cette société est connue pour perpétuer les spécialités au coquelicot de Nemours (non loin, en Seine-et-Marne également).

Pour compléter votre découverte de l’histoire des sucres d’orge des Religieuses de Moret, il vous faudra impérativement (sauf si vous n’êtes pas gourmands, ce dont je doute …) aller à la Maison du Sucre d’Orge, sur la place Royale. Dans cette boutique, vous y retrouverez, tout d’abord, la très sympathique Angélique, et ensuite plein de sucres d’orge.

Il y a également des produits à base de coquelicots, si vous souhaitez découvrir par la même occasion d’autres saveurs. Il y a également du confit de pommes et de poires ou bien encore du confit à la rose de Provins (Seine-et-Marne). Le bâtiment qui abrite la boutique vaut également le détour, il date du 15ème siècle, mais seule la façade du premier étage a gardé son aspect d’origine. A la boutique, il est possible de repartir avec des berlingots et des bâtons dans de superbes boîtes qui reprennent les visuels d’antan, je dois dire que cela a beaucoup de cachet.

Conclusion

Je n’avais encore jamais eu l’occasion de visiter Moret et je n’ai pas été déçue, la cité médiévale est superbe. Le cadre est également très beau avec les bords du Loing, on y retrouve du calme et vous devriez croiser quelques oiseaux sur les berges. L’histoire de la ville ne s’arrête pas à son passé médiéval, entre tous les artistes qui y sont passés, ou restés comme Alfred Sisley et le sucre d’orge des Religieuses, vous aurez de quoi faire. Il existe également un musée du vélo. J’ai beaucoup apprécié ma rencontre avec Yvette Rousseau, une personne passionnée. Je la remercie pour le temps qu’elle a bien voulu m’accorder ainsi qu’Angélique de la Maison du Sucre d’Orge et Vera au musée. J’ai découvert la fabrication et l’histoire d’un bonbon pas comme les autres. Et vous, connaissiez-vous les Religieuses de Moret ? Avez-vous déjà goûté à ces sucres d’orge ? Avez-vous déjà visité la ville ? 🙂

#En France Aussi

Cet article a été rédigé dans le cadre du collectif interblogueurs “En France Aussi” qui fait la promotion de notre beau pays. Le thème du mois était “gourmandises de nos régions”, piloté par Sophie du blog Escapades amoureuses.

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