En avril, j’avais un jour de congé, et comme souvent j’en profite pour filer sur Paris et faire quelques photos d’architecture ou me rendre dans un musée. Cette fois-ci, je bénéficiais d’un peu moins de temps ayant d’autres rendez-vous dans la capitale. J’ai fait un tour vers la station de métro Arts et Métiers que je voulais absolument ajouter à ma collection, j’ai mis la photo en ligne il y a peu dans la galerie du site intitulée “Metro-maniak”. Cela n’était pas prévu, mais comme nous étions 2 jours après l’incendie partiel de Notre-Dame de Paris, j’ai eu envie d’y faire un tour pour constater par moi-même les dégâts et voir un peu aussi l’ambiance qui y régnait, je vous propose donc quelques photos de la cathédrale et des personnes sur place, c’est parti !
La petite histoire
La cathédrale Notre-Dame de Paris [1], construite entre 1163 et 1345, est le siège de l’archidiocèse de Paris et est située sur l’île de la Cité. Elle est dédiée à la Vierge Marie et son style est gothique. Il y a cependant plusieurs styles, après la Révolution Française, il y eût d’importantes restaurations, d’ailleurs controversées, effectuées par l’architecte Viollet-le-Duc, il y incorpore des éléments et des motifs inédits. On y retrouve donc du gothique primitif et du gothique rayonnant. Au 13ème siècle, il existait déjà une flèche, elle est restée là pendant plusieurs siècles avant de subir les affres du temps. Ce n’est que lors de la restauration de Viollet-le-Duc que celle, connue de tous (et malheureusement désormais détruite depuis le 15 Avril 2019) fait son apparition. La cathédrale a été témoin de nombreux événements historiques, comme le sacre de Napoléon Ier en 1804, les funérailles de plusieurs présidents de la République (Sadie Carnot, Charles de Gaulle, Georges Pompidou ou bien encore François Mitterrand). C’est aussi sous ses voûtes, qu’est changé un Magnificat (cantique chanté par la Vierge Marie après l’Annonciation) lors de la libération de Paris en 1944. Elle fête cette année ses 856 ans d’existence :

A peine sortie du RER C (la station est à environ 300 mètres à vol d’oiseau), je vois qu’il y a un attroupement de taille anormale sur la route à côté de la cathédrale. Pas de doute, le tout Paris s’est rué sur les lieux. Je me fraye un chemin tant bien que mal, et arrive à hauteur de l’édifice. Le parvis n’est plus accessible, il a été fermé au public, car, moins de 2 jours après l’incendie, les pompiers sont encore en plein travail. De loin, on voit très bien la rosace qui a eu très chaud et les échafaudages, encore en place, des travaux de restauration d’où est parti quasi certainement l’incendie. Cet incendie a démarré le 15 Avril pour être totalement maîtrisé le 16 Avril, il aura duré près de 15 heures. Il a détruit la flèche (celle qui était l’œuvre de Viollet-le-Duc et la totalité de la toiture, avec la charpente (qui datait du 13ème siècle)). J’ai vu un nombre incalculable de personnes prendre la cathédrale en photo au smartphone et bien plus encore de caméras de chaînes de télé du monde entier. J’ai même été alpaguée par un journaliste étranger qui voulait me poser des questions, sûrement toujours les mêmes pour ne rien dire de nouveau. J’ai prétexté que je ne comprenais rien à ce qu’il me disait pour m’enfuir ! 🙂 Il y avait plein d’autres journalistes comme lui qui recherchaient avidement des passants pour leur faire dire des platitudes. J’ai aussi trouvé un mot sur un arbre (les punaises ça doit faire mal à l’écorce …) d’un poète improvisé (ou pas ? Je n’ai rien trouvé sur lui) qui s’est fait corrigé ses fautes de français directement sur son papier :
Des dizaines de pompiers étaient encore à pied d’œuvre pour sécuriser les lieux, s’assurer qu’aucun feu ne reprenne. Ils faisaient des allées et venues dans les hauteurs pour faire des vérifications sur les structures encore debout. Plusieurs éléments, comme les statues qui ornaient le toit, ont été épargnées. En effet, elles étaient parties en restauration près de Périgueux la semaine précédent l’incendie. Le coq situé en haut de la flèche a été retrouvé dans les décombres mais il a fondu. Il a failli ne pas être pris dans l’incendie, à moins de 2 mois près, il partait également en restauration. D’après les pompiers, les flammes sont apparues au niveau des échafaudages installés sur la toiture et se sont propagées extrêmement vite, atteignant l’ensemble du toit et détruisant la charpente. Cette dernière était la plus vieille de Paris (pour les parties de la nef et du transept). Elle était faite de 1 300 chênes et était surnommée la “forêt”. L’enquête est encore en cours car il y a vraisemblablement eu plusieurs dysfonctionnements. En tout, l’incendie a mobilisé près de 600 pompiers. On peut noter également, que la flèche de la cathédrale, qui faisait 93 mètres de haut, était composée de 500 tonnes de bois recouvert de 250 tonnes de plaques de plomb. Avec la température de l’incendie, le plomb a fondu et a été en partie sublimé (passage de l’état solide à gazeux sans passer par l’état liquide). Une grande partie du plomb s’est dispersé tout autour de la cathédrale (notamment sous forme de poussières toxiques) et il y a déjà eu plus de 100 dépistages au plomb effectués sur des enfants des écoles environnantes. Très peu ont un taux supérieur au seuil de déclaration obligatoire, ils seront suivis de très près :
Aux bords de Seine, j’ai croisé encore pas mal de journalistes, quelques artistes venus immortaliser le nouveau look de la cathédrale et des personnes dans le recueillement le plus total, comme si elles étaient au chevet d’un proche très mal en point. Les différentes réactions des gens sont très intéressantes, même si j’aime moins le côté des émotions à chaud amplifiées par les réseaux sociaux et les chaînes d’info. Chacun réagit à sa manière, mais la surexposition et le matraquage médiatiques sont, l’air de rien, des sortes de poison. Cela pollue l’esprit des gens avant même qu’ils aient eu le temps d’avoir leur propre réaction face à l’incident. Bref, je ne m’étends pas plus là-dessus … mais c’est pour cela que j’ai préféré faire mon article plusieurs mois après. J’ai vu passer plusieurs projets d’architectes pour la reconstruction du toit et de la flèche, il y en a de très intéressants, on verra bien ce que nous réservera l’avenir. En tout cas, je vous laisse admirer ces quelques images de la cathédrale encore bien debout, concentrons-nous sur ce qui reste, pas sur ce qui est parti :
Carnet pratique
Cathédrale Notre-Dame de Paris | 6 Parvis Notre-Dame – Place Jean-Paul II – 75004 Paris | Site
Pour celles et ceux qui connaissent la cathédrale, j’imagine que la voir ainsi fait tout de même bizarre, c’est en tout cas l’impression que cela m’a fait. Quand je l’ai vu, je me suis dit “ma pauvre vieille, tu as prix cher, mais tu es toujours debout”. Depuis l’enfance, je passe assez souvent dans ce secteur, elle fait partie du décor, j’ai eu la chance de la visiter plusieurs fois et de passer des après-midis sur le parvis. Je n’ai par contre jamais été en haut des tours, je crois que c’est râpé pour un bon bout de temps … Je ne suis pas particulièrement fan des immeubles de type Haussmann mais par contre j’adore l’art gothique et les très vieux bâtiments tout simplement alors je suis un peu triste quand même de ce qui lui arrive même si le principal à retenir c’est qu’elle est encore debout et que ce ne sont que des dégâts matériels. De nos jours, il y a bien d’autres urgences, comme le devenir, de plus en plus sombre, de notre planète. En parlant de cela, saviez-vous qu’il y avait depuis 2013, 3 ruches, sur le toit de la sacristie ? Les ruches n’ont pas été atteintes par les flammes, ce qui, au final, est rassurant, car l’abeille européenne, n’est pas une espèce qui abandonne sa ruche quand il y a un souci. Avez-vous pu déjà visiter la cathédrale ? Etes-vous repassés devant depuis l’incendie ?
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