Rencontre street art avec Qlote et ses petits slips

Je vous propose de faire la découverte de Qlote, une street artiste d’Ile de France. Elle dessine principalement des petits slips que l’on peut trouver sur les bords de route ou le long de voies ferrées. En fin d’article, je vous propose une galerie de ceux que j’ai croisé et pu prendre en photo, j’ai en tout de même trouvé 26 mais il en existe encore bien d’autres. J’ai pris contact avec Qlote et elle a gentiment répondu à quelques questions, vous trouverez donc quelques informations sur elle, son histoire et comment elle en est en venue à dessiner des petits slips ! 🙂

  • Qlote
  • Française

Présentation

Quelle est l’origine de ton pseudo ?

Mon cerveau farfelu. Rien de fou, j’étais au lycée et comme tout bon cours où tu t’ennuies … Ben je dessinais des slips sur mon cahier à carreaux pourri sans raison particulière et je me disais qu’un jour si je me mettais au graffiti, je ferais ça ! J’avais déjà beaucoup d’ambition dans la vie, ahah. La connotation féminine de ce sous-vêtement mais aussi le fait d’être “culottée”, j’aimais bien. J’avais tenté des lettrages au début “Qlote”, en faisant une forme de slip dans le T, et je me suis dit que j’allais garder ça principalement car je n’avais pas la patience de dessiner et travailler les lettres. Avec juste un slip, je peux me faufiler presque partout et pas besoin de me lire.

Comment es-tu venue au street art/graffiti ? Tu dessinais d’avant ?

C’est plutôt le graffiti qui est venu à moi. Je baigne dans la culture hip-hop depuis que j’ai 13 ans. J’ai dansé pendant près de 11 ans. C’était juste la suite logique. La même année durant laquelle j’ai commencé la danse hip-hop, un pote de mon grand frère, Kena, a commencé à m’emmener régulièrement dans des terrains où il peignait. Il m’a beaucoup inculqué la valeur de la photo et le fait d’archiver (j’ai des centaines de Go de photos d’autres graffeurs et graffeuses sur mon pc … et même de ceux que je n’aime pas). J’ai commencé à côtoyer quelques graffeurs et graffeuses de mon coin et dès que j’ai eu 18 ans, mes mentors de danse m’ont proposé de donner des cours, ce que j’ai accepté direct avec des étoiles dans les yeux. Du coup, j’ai commencé à avoir une source de revenus, j’ai passé le permis et je me suis dit que j’avais toutes les “bonnes” raisons de m’y mettre. Mon ancien copain peignait activement en plus, du coup grosse influence et engrenage quotidien.

Ou puises-tu ton inspiration pour faire de nouveaux petits slips ?

Partout indirectement et directement. Dans la plupart des cas, je fais des trucs simples et sans particularité à part un nœud et des dentelles enfantines. Sinon c’est les dessins animés, les jeux vidéos, le travail, les voyages, ce que je mange …

Tu préfères les endroits tranquilles ou à la vue de tous pour graffer ?

J’aime peindre avec des gens en qui j’ai un minimum confiance et avec lesquels j’ai le feeling. Sinon, c’est pas possible … A part dans des endroits autorisés à la limite.


Dans l’idéal, j’aime peindre tranquillement à la vue de tous, c’est-à-dire graffer un mur dans la pénombre et que la visibilité de jour paye. Je vais faire un parallèle avec la danse : faire des scènes et surtout des battles c’est être exposé à l’instant T à énormément de gens et j’ai eu du mal à me l’admettre mais je pense que ça a été mon principal blocage. Faire une scène à la limite, tu as des mouvements codés de A à Z sur ta prestation et le public est en général dans le noir … Mais en battle, tu as tous les regards sur toi ! C’est un gros travail sur soi avec lequel je n’ai jamais été de ma vie à l’aise. Dans le graffiti, j’ai vraiment trouvé le bon compromis : ton graff est codé comme une scène, tu sais ce que tu fais et vas faire et généralement, presque personne n’est focus sur toi contrairement à un battle.

Quel est ton terrain de jeu préféré ?

J’aime tous les supports sauf les toiles. Mon support numéro 1 reste néanmoins les grands axes.

Peut-on voir tes créations en dehors de l’Ile-de-France ?

Bien sûr :), je crois que c’est l’une des principales choses qui m’anime le plus dans ce mouvement. Aller ailleurs et voir d’autres choses.

Souhaites-tu faire passer un message avec ces dessins ou c’est juste pour le plaisir ?

Je sais pas à vrai dire … Pour le plaisir, ça me paraît plus qu’évident. Je privilégie le moment plutôt que le rendu final. Après dans ce mouvement (comme dans tous les mouvements artistiques où tu es exposé aux autres), il y a toujours une quête de reconnaissance et de dire “coucou , je suis là”, même si on ne se l’avoue pas. Si ça suscite une quelconque réaction, tant mieux sinon tant pis. Ceci dit, j’apprécie surtout quand des gens lambdas me disent que ça anime leurs trajets. J’ai beaucoup de parents avec leurs enfants qui me font des retours et je trouve ça bien marrant.

Dessines-tu autre chose que des petits slips ?

Oui, je me suis mise au lettrage il n’y pas si longtemps. Les slips, ça devient lassant au bout d’un moment. Si j’ai la place de faire un lettrage je le fais, sinon c’est slip party.

As-tu d’autres projets en tête ?

Continuer et voyager davantage, ça serait déjà pas mal.

Qu’est-ce qui te plaît dans le fait de graffer ?

C’est un exutoire. J’ai un cerveau qui fonctionne souvent à 1 000 à l’heure. Dans le graffiti, il y a plein d’éléments à prendre en compte : les accès, si tu es plus ou moins grillé à l’instant T, la visibilité finale ? etc. En dehors du fait de peindre sur un mur, il y a un autre côté qui nécessite de la recherche et qui reste tout aussi stimulant. Globalement, ça prend surtout le dessus sur une routine qui n’a rien de particulier et c’est principalement ça qui me plaît. Je suis quelqu’un de clean, voire même peut-être un peu trop … Je ne bois qu’occasionnellement, je ne fume pas et je ne me drogue pas mais j’aime juste un peu trop mon hamster, ma Nintendo et les hamburgers. Il me fallait un truc un peu bisounours (dans l’acte du moins, car on n’est pas tous des bisounours …) et illégal à la fois car je suis un peu une rebelle à 2 balles malgré tout. Mettre des couleurs sur un mur, en soi, c’est loin d’être un truc de malade.

Petits slips

La plupart de ces petits slips ont été pris en photo sur l’autoroute mais il y en a aussi le long des voies de chemins de fer. Si vous êtes dans le sud de l’Ile de France, je vous invite à ouvrir l’œil (pas trop en conduisant évidemment !) car il y en a vraiment un peu partout, c’est un peu comme un jeu de piste, les premières fois que je les ai vu, je n’y ai pas vraiment cru, puis en repassant par ces mêmes routes, il a bien fallu me rendre à l’évidence, c’était bien des slips que je voyais. Les jours suivants, je me suis armée de l’appareil photo, j’étais prête pour les “capturer”. Il m’en reste encore quelques uns à prendre en photo, si j’y arrive, je les ajouterai ici.

Conclusion

Je remercie Qlote pour avoir répondu à mes questions et j’espère que cela vous aura permis de mieux la connaître ainsi que son travail. Il est intéressant de savoir ce qui se fait dans le milieu du street art de manière globale, il n’y a pas que les super stars comme Shepard Fairey ou C215, il y a plein d’anonymes qui ont le même terrain de jeu et qui ont tous une variété d’expressions différentes. La quête des petits slips est toujours ouverte, j’observe toujours les routes du secteur et j’ai même repéré un slip depuis quelques mois, il ne reste plus qu’à aller le dénicher ! Quels sont les slips que vous préférez ? 🙂

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