Les chemins de la pierre et leurs secrets en Charente-Maritime

Se perdre aux Lapidiales

Situées sur la commune de Port-d’Envaux, les Lapidiales sont localisées plus précisément dans un bois, sur le site des anciennes carrières de Chabossières à environ 1,5 km du centre-ville. La pierre de Saintonge, du nom d’une région historique, a été extraite pendant des siècles, c’est une roche calcaire blanche datant d’environ 90 millions d’années, du Crétacé supérieur. Elle possède une grande résistance aux intempéries ce qui fait qu’on la retrouve un peu partout dans les constructions dans les Charentes. Il existe même encore une carrière en activité à Thénac au sud de Saintes.

L’idée des Lapidiales est de concevoir un espace d’art en perpétuelle évolution où des sculpteurs de tous les pays viennent, au fil du temps, travailler à une œuvre commune, le tout uniquement réalisée avec des outils à main. Depuis 2001, on peut déambuler sur le site librement, c’est gratuit et ouvert 24h sur 24. Certaines œuvres des débuts se remarquent facilement, elles commencent à se verdir et se foncer. A mon arrivée, je suis accueillie par ce Dragon, qui est aussi un four à bois qui peut cuire des pièces d’argile à plus de 1 000 degrés. Il a été réalisé selon des techniques qu’utilisaient les gaulois avec du sable, de la chaux, de la terre, de la paille et des tuiles pilées.

Une buvette est disponible en journée, si vous souhaitez contribuer à votre façon au travail de cette association. Vous croiserez des sculptures exposées un peu partout, mais également des murs entiers décorés. Il y a par exemple le “Monument aux Morts pour Rien”, dédié aux morts depuis les débuts de l’Humanité, une sorte de reconnaissance tardive de ces sacrifiés. On peut également voir des œuvres dans des grottes creusées par d’anciens carriers, plusieurs thématiques y sont abordées. On peut voir la plus grande sculpture maorie hors Nouvelle-Zélande, son auteur, Paora Toi Te Rangiuaia l’a achevé en 2015, elle a même été consacrée par le chef de son clan, venu spécialement de l’île d’Océanie.

Prenez le temps de bien observer tous les détails des sculptures des Lapidiales, elles sont riches de décorations et de symboliques. On peut y voir, à partir du printemps, des artistes en pleine réalisation de leurs futures œuvres. A certaines dates, des ateliers d’initiation à la taille de la pierre sont proposés, ainsi que d’autres activités, les informations sont disponibles sur leur site. J’ai beaucoup aimé m’y balader, les bois et les anciennes carrières sont un peu comme un grand jardin où les plantes seraient ces sculptures, elles évoluent au fil du temps et ne nous présentent pas le même aspect au gré des visites.

Visite de Port-d’Envaux

Avant de poursuivre sur les chemins de la pierre, j’ai fait une halte à Port-d’Envaux. La commune se situe au nord de la ville de Saintes, au bord de la Charente. Vous pouvez commencer la balade au pré Valade, un espace vert traversé par plusieurs petits ruisseaux, on y découvre également des œuvres faites en assiettes ou de fausses fleurs en métal. Sur les petits chemins de la commune, on peut voir plusieurs vestiges, de portes et des tours par exemple. J’ai beaucoup aimé l’ancien bâtiment des PTT, qui est maintenant la maison d’un particulier, plutôt sympa comme cadre.

Port-d’Envaux est calme et paisible, on peut emprunter le chemin de halage, au bord de la Charente, y découvrir quelques bateaux, une aire de loisirs, dont une plage en été, et quelques petits commerces. La commune bénéficie depuis 2011 du label “villages de pierre et d’eau”. Autrefois, Port-d’Envaux était un port commercial stratégique où venaient accoster gabares, sloops et goélettes. Ces embarcations transportaient de la pierre, du bois de chauffage, du sel ou bien encore du cognac.

On peut aussi voir l’ancien poste de gare qui est minuscule, à l’intérieur, on retrouve des panneaux explicatifs sur l’histoire du chemin de fer dans le secteur. Pour prolonger la visite, vous pourrez visiter le château de Panloy, remis au goût du jour en 1760 sous Louis XV qui possède un joli parc, d’autres châteaux sont visibles mais ne se visitent pas. L’église Saint-Saturnin, du 12ème siècle, vaut le détour, elle est classée depuis 1943.

Un parcours Tèrra Aventura (géocaching) est disponible à Port-d’Envaux (6 km – 2/3h – A pied ou à vélo – Difficulté des énigmes 4/5 – Difficulté du terrain 2/5 – Badge à récupérer : Zouti)

Partir pour la galaxie des pierres levées

Partons maintenant vers la commune de Crazannes. Non loin du centre-ville se trouve la Galaxie des Pierres Levées, une initiative de l’association des Lapidiales. Imaginé en 2005, l’idée est d’ériger un champ de 360 mégalithes disposés en forme de spirale galactique selon le nombre d’Or. Chaque année, du printemps à la fin de l’été, des sculpteurs sont accueillis en résidence sur le site des Lapidiales pour réaliser des œuvres qui iront remplacer les blocs d’attente à la Galaxie, entre 5 et 10 sculptures sont réalisées par an. Le site est découpé en 5 branches de 72 pierres, chacune représentant un continent. Le projet et pharaonique, la fin possible du chantier est prévue vers 2060. Je trouve que ce champ de mégalithes est comme une forêt de pierres.

Juste à côté se trouvent les anciennes carrières de Crazannes, un site qui a été rendu à la nature. Son exploitation s’est arrêtée dans les années 50 avec l’arrivée du béton. On retrouve un musée retraçant l’histoire du site mais on peut également faire une visite guidée. Deux sentiers existent, dont un pour les personnes à mobilité réduite qui met l’accent sur la faune et la flore du secteur. On retrouve des espèces communes pour la région mais aussi des fougères scolopendres et des orchidées qui aiment l’ombre et l’humidité de cette végétation luxuriante. Avant de partir des environs, vous pouvez faire un tour dans le village de Crazannes, bien que petit, on y retrouve une sculpture à l’entrée. Quelques sculptures sont à dénicher sur le parking de la Galaxie des Pierres Levées et des carrières de Crazannes.