Un week-end Art Déco à Saint-Quentin

Circuit Art Déco

La ville de Saint-Quentin fut occupée par l’armée allemande d’août 1914 à septembre 1918. Elle se trouvait sur la ligne Hindenburg, un grand système de défenses et de fortifications construit par les allemands de 160 km de long en seulement 5 mois, et elle fut détruite à plus de 70 %. Pendant les années 20, des reconstructions et restaurations à l’identique sont entreprises et c’est vers 1925 que l’Art Déco s’impose à Saint-Quentin.

Pour effectuer la balade, vous avez le choix entre déambuler au hasard, ou bien prendre un audioguide à l’Office du Tourisme. J’ai l’ai payé 2 € et il est fourni avec un plan du circuit. Il emmène sur un circuit Art Déco avec les lieux principaux. On peut aller à son rythme et le garder toute la journée si on le souhaite. Une brochure est fournie avec l’audioguide.

Je passe devant l’espace Saint-Jacques, qui n’est pas un bâtiment Art Déco mais il vaut tout de même le coup d’œil. A l’intérieur, le musée des papillons vous attend ainsi que des expositions temporaires. Au carrefour des Quatre Vents, on peut observer plusieurs bâtiments intéressants comme les anciens grands magasins Seret de 1910 reconstruits à l’identique en 1923 suite aux bombardements. Ils sont composés d’une armature métallique apparente ornée de céramique et surmontés d’un dôme.

Je me dirige vers la rue de la Sous-Préfecture où l’on retrouve de petites merveilles en matière de façades comme des roses stylisées. Plus loin, des motifs géométriques s’invitent sur une façade de briques. Il faut garder le nez en l’air constamment, il y a tellement de détails à dénicher !

Je passe devant la Criée Municipale, fermée à ce moment-là. Elle faisait partie d’un ensemble avec le marché couvert datant de 1892-1893. Vous pourrez aussi voir les Halles, qui elles datent des années 70. Le bâtiment a été réalisé en 1928 par Louis Guindez. Dans la rue des Toiles, on peut voir la façade du Carillon, une salle de spectacle et de cinéma, un édifice reconstruit classiquement en 1920 puis remis au goût du jour en 1931 par Adolphe Grisel, l’architecte de toutes les salles de spectacle saint-quentinoises de l’Entre-deux-guerres.

De retour vers la place de l’hôtel de ville et à l’angle avec la rue Saint-André, on retrouve une façade Art Déco, celle de la maison dite des corporations. Dans sa partie haute, on peut observer des bas-reliefs en pierre célébrant les métiers anciens et la tradition économique de Saint-Quentin, filature et tissage, agriculture, élevage et métallurgie. Rue de la Sellerie, accolé à l’espace Saint-Jacques, on retrouve les anciennes Nouvelles Galeries. Ce bâtiment est conçu en 1922 avec une façade Art Déco caractéristique, mais il est surtout reconnaissable à ses 2 curieux “phares du commerce”.

Plus éloigné du centre, dans la rue d’Isle, je croise le chemin du conservatoire de musique et de théâtre. Construit en 1929 par Jean-Bernard Charavel, associé à Mélandès et Enault, cet édifice n’a pas fait l’unanimité à l’époque. Il est aujourd’hui un des fleurons de l’Art Déco à Saint-Quentin. Il est un très bon exemple de bow-window, une fenêtre qui s’avance sur la façade, mais on retrouve également 3 pignons qui évoquent l’architecture flamande et peut-être aussi les 3 pignons de l’hôtel de ville.

Rendez-vous à La Poste

Je me rend à La Poste, je n’ai rien à poster mais vous aurez compris que c’est le bâtiment qui m’intéresse. Il est construit en 1929 à l’emplacement de la maison natale de Quentin de la Tour, il possède quelques références romanes. Il faut absolument rentrer à l’intérieur, il y a des mosaïques à découvrir. De toute façon, l’audioguide vous y emmènera. Divers panneaux de mosaïques évoquent les moyens de communication anciens et modernes. il y a également un belle lampe Art Déco au-dessous de l’entrée.

La basilique Saint-Quentin

Je me rend ensuite à la basilique Saint-Quentin, un édifice construit entre le 12ème et le 15ème siècle. Son style dominant est le gothique. A première vue, peu de rapport avec l’Art Déco, mais patience ! 🙂 Pour continuer l’histoire de cette basilique, sachez qu’elle a été nommée ainsi par rapport à Saint-Quentin, un martyre du 3ème siècle et qu’elle a été classée aux Monuments Historiques en 1840. Quand on entre, on remarque de suite au sol une rose des vents assez abîmée ainsi qu’un labyrinthe. Ce dernier s’appelle la “lieue de Jérusalem” et date de 1495. Il servait aux croyants ne pouvant faire le déplacement, ils parcouraient le tracé à genoux et en priant jusqu’au centre. Il a un diamètre de 11,60 m et le parcours fait 260 m.

En se retournant et en levant le nez, on remarque le grand orgue. Le buffet d’orgue de style baroque n’a pas d’équivalent en France de par sa taille. Il est installé et opérationnel à partir de 1703 mais en 1917, les allemands réquisitionnent les tuyaux. Un incendie le touche légèrement et c’est en 1958 que sa restauration s’achève. La basilique n’a pas été épargnée pendant la Première Guerre mondiale, la plupart de ses reconstructions sont dues à cette période. Lors de la visite, je croise ensuite des vitraux, mais plus particulièrement des vitraux Art Déco. Ils se situent dans les collatéraux de la nef et ont été réalisés en 1931 et 1932 par Georges Bourgeot. On y retrouve la rose stylisée, l’un des symboles de l’Art Déco, sur le vitrail Sainte-Thérèse, elle est la patronne des missionnaires et des soldats.

Visite de l’hôtel de ville

Avant de faire la visite de l’hôtel de ville, faites un tour sur sa place. On peut y voir la statue de Quentin de la Tour. C’était un célèbre pastelliste et portraitiste originaire de la ville, né en 1704 et mort en 1788. Il est également connu pour avoir été sur le billet de 50 francs de 1976 à 1992. Le théâtre Jean Vilar possède un très beau bâtiment, il n’est pas de style Art Déco, mais il en jette. C’est un théâtre à l’italienne, construit en 1844, sa façade est de style néo-classique.

On peut donc visiter l’intérieur de l’hôtel de ville si l’on possède un audioguide. Je n’ai eu qu’à me présenter à l’entrée de service, sonner à l’interphone et indiquer que j’avais un audioguide. Normalement, on peut se balader à l’étage seul, mais j’ai eu le droit à une visite personnalisée grâce au monsieur qui faisait la sécurité qui avait fait guide il y a quelques années.

La première salle que je visite est celle des mariages. Elle date plutôt du Moyen-Âge et on y retrouve le siège où s’installe le maire pour signer les documents officiels. On m’a expliqué que la mairie de Saint-Quentin est très prisée pour les mariages, en effet le bâtiment est magnifique ! Je me dirige ensuite vers la salle d’attente des mariages.

Je remarque un vitrail en forme de cœur, c’est un vestige de ce qui reste de l’hôtel de ville d’origine. En effet, entre les bombardements et l’occupation du bâtiment par les allemands, il ne restait plus grand chose au sortir de la guerre. Dans le couloir de l’étage, on peut voir de très belles lampes Art Déco. On peut également voir de belles boiseries où il est écrit, en style Art Déco, les noms des pièces, comme par exemple pour la salle de presse.

On passe maintenant à la salle du Conseil Municipal, le clou du spectacle. C’est l’unique salle de conseil municipal en style Art Déco en France. Je dois dire que je suis restée scotchée, c’est tout simplement magnifique et très inattendu pour cette utilisation. Elle est l’œuvre de l’architecte Louis Guindez, ce projet est élaboré dès octobre 1924, à l’exception du mobilier et des luminaires qui datent plutôt de 1925.

Au-dessus de l’estrade où siège le maire, on retrouve une frise sculptée Art Déco. Cette Marianne est signée du sculpteur Alphonse Emile Fivet, elle est représentative des réalisations durant les Années Folles. Son visage, vu de face, se détache d’un soleil rayonnant, symbole de l’aube d’un nouveau jour. Les murs de la salle sont constitués d’un lambris rythmé par 41 panneaux en palissandre et chêne de Hongrie réalisés par l’ébéniste-menuisier du cru E. Boussu. Ils ne sont pas spécifiques de l’Art Déco, mais on peut y retrouver les outils de différents corps de métiers ou les attributs de diverses formes artistiques. Chaque place bénéficie d’une petite lampe de bureau Art Déco, elles sont dessinées aussi par Louis Guindez. La visite est terminée, je retourne au rez-de-chaussée où la salle change radicalement de look. A ce niveau, c’est le style du Moyen-Âge qui prédomine avec notamment des sculptures en pierre.

Pour vous restaurer, je vous conseille le Golden Pub. Avant d’y pénétrer, arrêtez vous devant la façade du restaurant le Carillon, avec ses jolis colombages. La décoration du Golden pub oscille entre touches d’humour et architecture ancienne. Notamment, une très belle verrière à l’étage à ne pas manquer. J’y ait très bien mangé et les serveurs sont très sympas et efficaces. Cela m’a permis de faire une bonne pause entre les visites.

Quelques street arts

J’ai trouvé quelques street arts dans la ville. Par exemple, ces œuvres rue de la Vieille Poissonnerie. Plus loin, un street art avec M. Chat, ce chat jaune au sourire plein de dents. Le bâtiment représenté à ses côtés est tout simplement l’hôtel de ville. D’autres se situent un peu plus en retrait des rues touristiques, n’hésitez pas à vous balader un peu partout. Il en existe évidemment beaucoup plus, ils sont répertoriés sur ce site.