Domaine des 3 colonnes, urbex en Essonne

Je me suis rendue au domaine des 3 colonnes sur le territoire de la commune d’Angervilliers dans l’Essonne (91), à 36 km au sud-ouest de Paris. Au niveau de la sécurité, il n’y avait donc pas de souci particulier, les endroits vraiment dangereux sont tellement visibles que l’on ne peut pas avoir de mauvaise surprise. Je tiens à vous rappeler que, bien que je donne la localisation (car ce n’est pas un secret, le lieu est super connu), il faut toujours être vigilant quand on pratique l’Urbex. La ville n’est pas très grande, il y a moins de 1 700 habitants, elle est calme. Le domaine des 3 colonnes est un vaste parc avec un bâtiment principal, un ancien manoir. Il y a d’autres bâtiments, le château rose et des anciens communs (ces 2 derniers n’existent plus). Partons de suite pour la visite ! 🙂

→ Article mis à jour le 04/08/2024

Le manoir

Le manoir a été construit au début du 20ème siècle dans un style anglo-normand. On y retrouve 3 étages et une quinzaine de chambres, il est très grand, on pourrait presque s’y perdre ! Le domaine a eu plusieurs propriétaires au fil du temps. Le site porte des histoires d’assassinats et d’occupation nazie, mais comme dans bon nombre de lieux d’urbex, il est courant de raconter ce genres d’histoires, il n’est pas facile de savoir ce qui est vrai ou pas.

Si vous souhaitez savoir quand même, on raconte notamment l’histoire de la famille Weisweiller, qui y vécu pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils étaient juifs et quand les nazis sont arrivés, le mari s’est suicidé et la femme a été déportée à Auschwitz. Par contre, les nazis auraient bien occupé la maison en 1940. Tout cela participe évidemment à l’ambiance des lieux. Avant la construction du manoir, il y avait un château datant du 14ème siècle.

Parc et extérieurs

Le parc est vraiment très beau, il y a de magnifiques arbres qui ont tous des formes biscornues. Un programme immobilier est censé se faire, je ne sais pas quand mais j’espère que lors de la construction des nouveaux logements, ces arbres seront épargnés. Non loin, il y a une petite île où se trouvent les fameuses 3 colonnes ainsi qu’une statue qui n’est pas facile à distinguer. A la grande époque du manoir, il devait être très agréable de vivre dans le secteur.

Le manoir se voit de loin, il est imposant. L’extérieur fait encore à peu près bonne figure, si on ne tient pas compte de la végétation qui s’est installée. Devant le bâtiment, on trouve une sorte de patio, des restes de statues ou bien encore quelques street arts. Il faut dire que l’on en trouve plein dans ce genre d’endroits, j’imagine que les artistes y trouvent du calme et du temps pour pouvoir s’exercer. Il y a aussi beaucoup de tags, bien moins attrayants.

Rez-de-chaussée

Dès que l’on entre, ce qui frappe, c’est qu’il n’y a plus de parquets, il a dû être volé il y a bien longtemps. Les pièces sont très grandes, je passe par 2 salons qui ont chacun leur grande cheminée. j’arrive dans un 3ème salon, énorme, tout en longueur avec une cheminée gigantesque. Je remarque au passage la passion des “habitants” au fil des années pour les champignons ! :p. On croise vraiment de beaux street arts également, comme cette femme pensive. J’arrive dans une pièce où le plafond s’est en partie écroulé, Je vois que ce qui reste accroché au mur ne tient plus qu’à un fil.

Le dernier propriétaire connu était Gustave Leven, l’ancien patron de Perrier, décédé en 2008 et qui n’avait pas entretenu les lieux. Je croise un premier escalier, qui va à l’étage, tout à fait praticable (je l’emprunte un peu plus tard) et un autre qui va au sous-sol. Si vous décidez de vous lancer dans ce genre d’aventures, munissez vous d’une lampe torche, celle d’un téléphone portable fait aussi l’affaire. Il vous faudra également une bonne paire de chaussures type randonnée car il y a pas mal de débris au sol. Au rez-de-chaussée j’ai croisé une cuisine dont il ne restait pas grand chose, au sous-sol, il y a encore plein d’éléments par contre. On peut y voir également un passe-plat qui coure apparemment sur toute la hauteur de la maison.

Je vais au bout du manoir, à l’opposé d’où je suis entrée et trouve de plus petites pièces. Elles me font penser à une jungle, la végétation a vraiment fait son trou et les street arts au mur appuient cette idée. Un escalier était là fût un temps, mais ce temps est bien loin.

Sous-sol

Je progresse doucement, étant attentive à tout, aux petits détails comme cette poignée complètement rongée par la rouille. Il fait assez sombre mais je suis équipée niveau éclairage. Cette partie abrite des bacs qui servaient surtout au stockage des aliments, il devait bien y avoir une cave à vin j’imagine, plusieurs bouteilles jonchent le sol. Pour ceux qui s’y connaissent un peu en électricité, les installations doivent forcément vous paraître sommaires. J’ai même croisé le chemin d’un moteur, était-il là à l’origine ou apporté par des squatteurs ? Grande question !

La ville et une association d’habitants sont en désaccord sur l’avenir des lieux, même si les dés sont jetés, cette association regrette que la ville n’ait pas racheté les lieux pour les redonner aux habitants. Ce genre de situation doit se produire assez souvent quand une commune abrite de vieux bâtiments à l’abandon. L’idéal aurait été que le manoir soit bien entretenu au fil du temps, complètement retapé il aurait été sublime.

Les étages

Je grimpe au premier étage, l’escalier est en très bon état. Je tombe nez à nez avec ce petit diable, qui s’appelle “Luci”, c’est un personnage issu de la série d’animation de Matt Groening (papa des Simpson) “Désenchantée”. Je me trouve juste au-dessus de la partie écroulée que l’on avait vu au rez-de-chaussée. Je vois également le 2ème étage d’ici, avec cette vieille baignoire à sabot. Je passe par plusieurs pièces plus ou moins grandes, mais toutes très nombreuses. Dans certaines, le maison a tellement travaillée au fil du temps que le parquet s’est soulevé.

Moins courant que de la végétation que l’on trouve à foison dans ce genre d’endroits, je trouve un arbre appuyé sur la toiture, une partie de ses racines est prise dans le toit, c’est impressionnant ! Entre le premier et le deuxième étage je trouve pas mal de street arts et je peux voir que l’escalier pour aller au deuxième étage est lui aussi encore en assez bon état, je l’ai emprunté. Une partie du deuxième étage est très détériorée, il ne serait pas raisonnable de la visiter dans son intégralité. Je peux tout de même rentrer dans quelques pièces, même si par endroits, il faut enjamber de petits vides au sol pour continuer la visite.

C’est au deuxième étage que j’ai trouvé les street arts les plus sympas. On retrouve encore un personnage de Matt Groening, Bart Simpson, décidément, il y a de gros fans dans le secteur ! L’extra-terrestre a été fait dans une salle de bain (presque toutes les chambres avaient la leur), on voit encore les carreaux au mur assez bien conservés. Je croise plusieurs balcons, pour certains très envahis par la végétation. Je tombe sur une très jolie pièce de forme octogonale avec un superbe plafond. Il y a avait une petite cheminée à cet endroit. C’est le moment de redescendre, J’ai vu tout ce que l’on pouvait voir en toute sécurité.

Le château rose

Passons maintenant au second bâtiment, le château rose. Il a été construit en 1815, il est donc bien plus ancien que le manoir. Il est en très mauvais état, je n’ai pas pu accéder à l’étage, impossible de trouver un accès opérationnel. L’extérieur du bâtiment indique déjà bien son état de délabrement, on peut voir que certaines fenêtres ne tiennent plus à grand chose comme certaines portes.

Au rez-de-chaussée, je retrouve beaucoup de street arts tous très jolis. Le château rose est constitué de pièces en enfilade, je parcours assez vite l’intérieur même si on peut jeter un coup d’œil derrière certaines portes qui laissent entrevoir des pièces partiellement ensevelies. Par endroits, des pièces sont à ciel ouvert, il n’y a plus du tout de plafond. Je progresse doucement à travers les décombres quand cela est possible. Des interrupteurs pendouillent ça et là.

Les communs

Dans les années 80, la mairie rénova une partie des communs pour s’y installer. Juste à côté, on peut accéder à l’autre partie qui n’a pas été rénovée. On y retrouve des écuries et des ateliers techniques avec encore plein d’outils. La végétation y a bien fait son trou également, ça donne un certain charme aux bâtiments. L’étage n’est pas accessible, enfin pas pour des humains raisonnables mais pour les chats, l’exercice est d’une simplicité déconcertante. Ils ont bien raison, personne ne vient les embêter au moins.

Il existe un tunnel qui relie les communs au château rose, bas de plafond, il faut s’accroupir. Ne l’empruntez pas si vous êtes tout seul, cela peut ne pas être très rassurant. J’ai fait l’aller-retour, et dans les sous-sols du château rose, j’ai trouvé ce qu’il reste d’une cave à vins, il n’y a plus rien à boire depuis longtemps bien évidemment. Le nombre de cadavres de bouteilles au sol indique qu’il y en avait beaucoup.

Je retourne du côté des communs et croise quelques street arts ainsi que de vieilles machines. On peut également y voir de vieilles toilettes et si on regarde bien avant d’entrer dans la cour, on remarque un portail avec de l’autre côté un bout de rue avec les bâtiments de la mairie, c’est vraiment très proche.

Conclusion

La visite est terminée ! Je suis restée plusieurs heures pour tout visiter, pour profiter des lieux et prendre le temps de faire des photos. J’ai beaucoup aimé ce côté exploration, découverte des lieux, c’était très sympa ! Tous ces bâtiments, ainsi que le parc, vont faire l’objet (ou ont déjà fait l’objet) d’un programme de construction de nouveaux logements. On ne sait pas ce qui sera détruit exactement et ce qui sera préservé, le parc étant très grand, il devrait y avoir la possibilité de conserver certains arbres. Ma préférence va au manoir, très grand à explorer, avec de grandes pièces. Avec un peu d’imagination, on arrive à se représenter leurs dispositions du temps où elles étaient encore habitées. J’ai préféré les street arts dans le château rose, et j’ai bien aimé les écuries, les vieilles machines et le souterrain des communs. Il y en a pour tous les goûts, du moment que vous respectez quelques règles élémentaires de sécurité et de préservation des lieux. Alors, quelle partie avez-vous préféré ? Avez-vous déjà visité des lieux abandonnés ? Avez-vous découvert des pépites ? 🙂

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