Dans cet article, je vous propose de découvrir le nord de l’île d’Oléron, une île située en Charente-Maritime qui est la 2ème plus grande de la métropole après la Corse. Elle propose de beaux paysages avec des villages authentiques, c’est aussi le royaume du vélo et des huîtres. Nous nous baladerons jusqu’à la pointe nord, nous visiterons de petits villages et nous verrons un fort célèbre, alors en route ! 🙂
→ Article mis à jour le 08/11/2024
1. L’île d’Oléron, IØ pour les intimes
L’île d’Oléron est située en Charente-Maritime dans le Golfe de Gascogne, c’est donc la 2ème plus grande île métropolitaine après la Corse. Elle mesure 30 km de long et 8 km dans sa plus grande largeur. L’île compte environ 21 000 habitants permanents et son chef-lieu est Saint-Pierre d’Oléron situé au centre. Au nord, elle est séparée de l’île de Ré par un détroit, le pertuis d’Antioche et au nord-est se trouve la petite île d’Aix, qui fait partie de la ceinture de protection de Rochefort (avec l’île d’Oléron et l’île de Ré), elle comporte des remparts, des batteries et des forts.
En 1966 est construit le pont qui la relie au continent, il est gratuit et long de presque 3 km. L’île est surnommée “Oléron la lumineuse” en raison de son fort taux d’ensoleillement toute l’année. Elle est célèbre pour son ostréiculture, notamment grâce aux huîtres Marennes-Oléron mais compte aussi un certain nombre d’anciens marais salants, la culture du sel a été réintroduite, de manière assez confidentielle, assez récemment. Jusqu’à la fin du 19ème siècle, l’île possédait de nombreuses vignes, mais le phylloxera les a presque toutes décimées. De nos jours, il en reste à peu près 800 ha, le pineau des Charentes est la principale production à Oléron.
Depuis quelques années, on a vu apparaît l’appellation IØ, tout simplement pour Ile d’Oléron, qui se trouvait sur les plaques d’immatriculation des bateaux, le O est barré pour ne pas confondre avec un zéro. Une marque porte également ce nom et le nom d’un couteau en est inspiré, c’est le cout’IØ, un couteau multiusages avec manche en bois.
2. Saint-Denis-d’Oléron
Saint-Denis-d’Oléron est la commune située la plus au nord de l’île, face aux côtes de l’île de Ré. Cette station balnéaire réputée abrite un peu moins de 1 500 habitants et est située à environ 20 km du pont. La plupart des habitants sont installés à Saint-Denis-Ville et dans 6 villages alentours. Elle possède 3 plages de sable fin, une base nautique et un grand port de plaisance. Durant des siècles, les habitants ont lutté contre l’ensablement des côtes, ce n’est qu’en 1989, grâce à l’essor du tourisme et à de nouvelles techniques, que le nouveau port a été inauguré.
L’église Saint-Denis date du 12ème siècle et a conservé une partie de son décor roman malgré les diverses compagnes de restaurations. Le soubassement de la façade est classé Monument Historique en 1896, il s’inspire, de par ses techniques architecturales, des réalisations gallo-romaines. Dans le centre, on retrouve également une salle de spectacle avec son petit jardin, un distributeur d’huîtres fraîches accessible jour et nuit ainsi que des restaurants. A ce sujet, je vous conseille fortement La Crêperie, on y mange très bien, l’accueil est chaleureux et la déco très cosy.
Une fois les batteries rechargées, vous pourrez faire un tour sur la plage de la Boirie, labellisée “Tourisme et Handicap”, où se trouvent de petites cabines de plage colorées très photogéniques. Au milieu du 19ème siècle, la mode des bains de mer se démocratise, les touristes commencent à arriver et les cabines de plage en bois se construisent progressivement. On en retrouve avec les bandes noires du phare de Chassiron, dont je vous parle plus bas, ou bien encore avec des schtroumpfs !
3. Le phare de Chassiron
Situé à l’extrémité nord de Saint-Denis-d’Oléron et de l’île, le phare de Chassiron est construit de 1834 à 1836. Il participe grandement à la sécurité maritime dans ce secteur dangereux du pertuis d’Antioche. Les bandes noires ont été peintes en 1926, il était totalement blanc à l’origine, pour que l’on ne le confonde pas avec celui des Baleines sur l’île de Ré qui est gris.
Il est haut de 46 mètres et pour arriver jusqu’en haut, il faudra gravir 224 marches dont les dernières sont raides. Son faisceau lumineux peut porter jusqu’à 50 km par temps clair. Le système optique date de 1902, vous pourrez d’ailleurs en savoir plus à ce sujet en visitant le petit musée situé à l’intérieur qui est compris dans le billet d’entrée.
Au pied du phare, on peut visiter un jardin en forme d’étoile appelé “rose des vents paysagère” qui a ouvert en 1997. On y retrouve des bornes informatives, des tables tournantes, des lunettes de visées ainsi qu’une carte en braille. Autour du phare, des sentiers de promenade permettent d’observer l’île de Ré et les côtes. Au bord de la falaise, on trouve une croix de chaînages qui rappelle que bon nombre de marins ont péri en mer.
On croise également des structures en pierres empilées sur l’estran, ce sont des écluses à poissons, il en reste 17 dans le département. Elles sont généralement en forme de fer à cheval, les poissons y entrent à marrée montante et s’y retrouvent piégés à marée descendante. Les premières écluses datent du Moyen-Âge et au milieu du 19ème siècle il y en a eu jusqu’à 237. Elles servent également de brise-lames en atténuant l’érosion sur les falaises et les plages.
A proximité du phare, on retrouve quelques cafés et boutiques de souvenirs ainsi que des toilettes publiques, pas forcément hyper propres, allez plutôt prendre un café et utiliser leurs toilettes. Je me suis baladée dans ce secteur à vélo, il y a beaucoup d’espaces pour les garer, ce moyen de locomotion ayant énormément de succès sur l’île. De manière générale, à Oléron on trouve beaucoup de pistes cyclables dédiées, parfois elles sont mixtes avec une partie sur la route ou à côté.
Un parcours Tèrra Aventura (géocaching) vous fera passer par le phare de Chassiron et le centre de Saint-Denis-d’Oléron (11 km – 2/3h – A pied (ou à vélo) – Difficulté des énigmes 3/5 – Difficulté du terrain 2/5 – Thématique : Insulaire – Badge à récupérer : Zohéé)
4. Saint-Georges-d’Oléron
Saint-Georges-d’Oléron est une commune qui occupe une bonne partie de la moitié nord de l’île et dispose d’une façade sur chacune des 2 côtes. Elle abrite de nombreux petits villages tout autour, et compte presque 3 900 habitants. Le centre-ville est excentré par rapport à la départementale qui mène à la pointe nord de l’île ce qui fait qu’il n’est pas aussi souvent visité que d’autres lieux. Il possède le plus ancien édifice de l’île avec son église romane. Juste à côté de cette dernière, on trouve de jolies halles en bois et toit en ardoise, elles ont été construites en 1864 à l’emplacement de l’ancien cimetière.
Le passé viticole de Saint-Georges-d’Oléron est important, de nombreux chais en témoignent. Le château Fournier, situé à l’ouest du jardin public, est également un vestige de cette époque. Il date de 1877 et était la propriété de Jules Fournier et son épouse, de nos jours, c’est une maison de retraite. Non loin, la villa Briquet date de 1881, elle a été construite par un boucher dans la femme aurait trouvé des Louis d’or dans une cachette. Ne loupez pas la mairie, de style néoclassique et la base de loisirs des Prés Valets, au sud du centre-ville.
Au nord-est, se situe le port Douhet. On y retrouve donc des bateaux, des plages et des restaurants. Je vous conseille d’ailleurs le restaurant le Braséro, pour les amateurs de viandes grillées. Au nord de la plage du Douhet, un bâtiment atypique et imposant attire l’œil, c’est la villa Blockhaus, qui propose des appartements de vacances. Sa construction remonte à 1957 et son classement au titre des Monuments Historiques date de 1992.
Si l’on part vers le nord, après avoir franchi le chenal du Douhet, on entre sur le territoire de la commune de La Brée-les-Bains qui possède notamment de jolies plages avec des cabines colorées, comme à Saint-Denis-d’Oléron.
5. Boyardville
Boyardville est un village qui dépend de Saint-Georges-d’Oléron, situé sur la côte est. C’est une station balnéaire qui comporte un port de pêche et un port de plaisance, le centre est traversé par le chenal de la Perrotine. Ce chenal mène d’ailleurs, au sud-ouest, à tout un réseau de bassins, pour la plupart des anciens marais salants qui sont aujourd’hui reconvertis en bassins d’affinage pour les huîtres. En 1998, un marais salant a été remis en activité. On y retrouve aussi le village de Fort-Royer qui comporte des cabanes de pêcheurs très colorées et bon nombre de bassins ostréicoles.
Je suis passée dans le centre-ville, les bords du chenal sont très mignons avec des bateaux amarrés et de jolies maisons. Il y a une rue non loin où se trouvent plusieurs bars, restaurants et glaciers, idéal pour faire une pause. Le centre n’est pas très grand, mais ne loupez pas la statue de Fort Boyard qui nous raconte son histoire. Le projet est initié au 17ème siècle pour protéger la rade de Rochefort des anglais mais suite à de nombreux événements, il ne sera achevé que vers 1859.
Entre temps, les anglais ne sont plus une menace dans le secteur et les progrès de l’artillerie ont rendu le projet des 74 canons inutile. Décision est donc prise de transformer Fort Boyard en prison notamment après la Commune de Paris. Les travaux d’entretien sont interrompus en 1913 et le fort est abandonné, à la merci des pillards. Il est vendu à un particulier en 1962 puis racheté en 1989 par le Conseil Général de la Charente-Maritime et loué depuis pour le célèbre jeu télévisé.
Le site de Boyardville se développe dès 1802, il sert de base pour le chantier du fort ainsi que pour loger les employés. Un peu plus au nord du centre-ville, un joli point de vue sur Fort Boyard est situé sur la plage des Saumonards. Entre la forêt et la plage se cache le fort des Saumonards, on peut actuellement en faire quasiment le tour. Le projet date du 17ème siècle, il a été achevé en 1818, et a été acheté en 2021 par Xavier Niel, le patron de Free, pour en faire un lieu de vacances des élèves de l’école 42, son école d’informatique.
Depuis la plage, on peut donc découvrir Fort Boyard, situé entre l’île d’Oléron et l’île d’Aix. D’ici, il est à un peu plus de 2,5 km. Il est classé Monument Historique depuis 1950, et de 1873 à 1919 il servait d’observatoire des marées. Il n’est malheureusement pas ouvert au public pour une visite. Entre avril et octobre, il est possible de rallier le port de La Rochelle en bateau depuis Boyardville, et cela en 50 min. Prenez le temps de vous balader dans la jolie forêt des Saumonards, classée Natura 2000 ainsi que dans les dunes tout autour.
6. Domino
Domino est un petit village tranquille qui appartient à Saint-Georges-d’Oléron, sur la façade ouest de l’île. C’est aussi l’endroit où j’avais ma location. C’est l’un des points culminants d’Oléron, d’où il tire son nom “domine de haut” qui est donc devenu Domino. Le 2ème point le plus haut de l’île culmine à 31 mètres et est situé au sommet de la Grande Dune. L’habitat traditionnel a réussi à perdurer à Domino, on y retrouve des petites places en impasse, les cantons.
Les plages de Domino ont attiré les touristes dès les années 20 avec la construction notamment de cabines de plage. Une forêt de pins s’étend de la plage de Domino à celle de Chaucre, un village situé plus au nord. Sur la route, à Chaucre, vous pourrez voir un vieux cyprès qui est mort en 2020 à l’âge de 122 ans, il avait pourtant résisté à plusieurs tempêtes. Ce vieux cyprès fait partie intégrante du village, il a donc été sculpté avec des symboles locaux, un pêcheur ou bien encore des naufrageurs, ceux qui provoquaient les naufrages sur l’île.
Si vous souhaitez déambuler tranquillement sur l’île en louant des vélos, vous pourrez aller au Baràvélo à Domino, un endroit convivial où, comme son nom l’indique, on peut boire un verre et se poser en plus de louer des vélos. Vélos traditionnels ou électriques, il y a un large choix pour des prix plus que raisonnables avec un accueil hyper sympa.
Si vous souhaitez manger dans un bon restaurant, je vous propose Les Sables dans le village des Sables Vignier au sud de Domino. Le restaurant est implanté dans un camping mais il est bien ouvert à tous. Il propose notamment les délicieuses glaces Clément, un glacier local, que l’on peut aussi déguster au pied du phare de Chassiron.
Juste à côté de ma location, rue de l’océan, existe un ancien centre de vacances à l’abandon. C’est un petit site d’urbex sympa, j’ai été surprise d’en trouver un sur l’île. Il se compose d’un bâtiment principal avec un étage, un rez-de-chaussée et un sous-sol. Un petit bâtiment se situe juste à côté où il y a quelques street arts également. Le site n’est actuellement pas fermé, on y entre par la grande porte, pas de barricades.
7. Mon hébergement
Ma location était située dans une maison en fond de cours sur le terrain de mon hôte. Son accueil a été chaleureux, elle a répondu à toutes nos questions et a été aux petits soins. La maison comporte une seule pièce et un patio. Le lit se trouve en mezzanine, cela ne sera donc pas conseillé aux personnes à mobilité réduite. Dans la maison, tout est fonctionnel et on ne se marche pas sur les pieds. Le jardin est calme et apaisant, j’y ai croisé 2 chats, dont un plus courageux que l’autre.
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Carnet pratique
→ A voir
- Eglise Saint-Denis » 1 Rue Ernest Morisset – 17650 Saint-Denis-d’Oléron
- Phare de Chassiron » 17650 Saint-Denis-d’Oléron » 4,40 € » Site
- Eglise Saint-Georges » 28 Rue des Dames – 17190 Saint-Georges-d’Oléron
- Villa Blockhaus » 836 Avenue de la Durandière – 17190 Saint-Georges-d’Oléron
→ Se restaurer
- La Crêperie » 3 Rue du Port – 17650 Saint-Denis-d’Oléron » Site
- Les Sables » 453 Rue de la Chardonnière (Sab-VI) – 17190 Saint-Georges-d’Oléron » Site
- Le Braséro » Forêt du Douhet – 17190 Saint-Georges-d’Oléron » Site
→ Commerces
- Baràvélo » 5 Place de la Gare – 17190 Saint-Georges-d’Oléron » Site
Conclusion
L’île d’Oléron a été une découverte, je n’y avais jamais mis un pied de toute ma vie. Je connaissais déjà un peu l’île de Ré, mais j’ai trouvé cela différent. Déjà parce que l’île d’Oléron est beaucoup plus grande et puis elle n’a pas la même physionomie, les marais salants sont beaucoup plus nombreux sur l’île de Ré. Beaucoup de dunes, de forêts également rendent l’île d’Oléron très belle. Les villages sont restés authentiques, ils sont très mignons. J’ai beaucoup aimé le phare de Chassiron, avec notamment ce jardin à sa base, c’était la première fois que je voyais ça. Se balader à vélo à Oléron est vraiment une belle expérience, la mer n’est jamais bien loin et on se rempli les narines d’embruns iodés. N’oubliez pas la crème solaire, avec le vent marin, on ne sent pas la peau cuire. Vous pourrez ramener des caramels au Pineau ou bien encore des Crottes de Mouettes (riz soufflé au chocolat blanc à la fleur de sel). Connaissez-vous l’île d’Oléron ? Quels sont vos coins favoris ? 🙂