Parcourir le quartier touristique de Ribeira à Porto

Dans cet article, je vous propose de découvrir le quartier de Ribeira à Porto. C’est le quartier le plus touristique de la ville, le plus typique, il recèle nombre de choses à voir et à visiter. On peut facilement s’y perdre la journée tant il y a à voir. Il faudra aussi s’armer d’une bonne paire de baskets pour profiter pleinement du quartier, alors en route ! 🙂

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Le pont Luís Ier et les quais

Le pont Luís Ier est un symbole de la ville de Porto. Bien sûr, il y a d’autres ponts sur le Douro, mais celui-ci est partout, sur les cartes postales, les magnets, les tasses et j’en passe. Il relie la ville de Vila Nova de Gaia située au sud du fleuve au quartier de Ribeira. Le pont est achevé en 1886, il est l’œuvre d’un architecte allemand Théophile Seyrig, un disciple de Gustave Eiffel. Avant cette date, les piétons devaient franchir le Douro sur un pont fait de vieilles barques à porto, arrimées les unes aux autres. Le pont est construit en arc, il est long de 385 mètres et comporte un tablier supérieur qui accueille les piétons ainsi que le métro. On retrouve également un tablier inférieur qui lui, laisse circuler les voitures, il y a également de petits trottoirs mais avec la cohue, on fini souvent par marcher sur la route. Le pont porte le nom du roi qui l’a inauguré à l’époque, il est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Depuis le pont, la vue sur le Douro, Porto et Vila Nova de Gaia est superbe. On se rend compte à quel point le secteur est encaissé. On peut observer d’anciennes fortifications du 14ème siècle ainsi que sur la droite, la ligne de funiculaire de Guidais. Une fois le pont traversé, on arrive dans le quartier de Ribeira, on croise le chemin de quelques street arts et de vieux bâtiments en attente de rénovation. Pour poursuivre la visite, emprunter les Escadas do Codeçal, des escaliers très pentus qui passent sous le pont. Vous y verrez des street arts, de vieilles maisons, une église, la Igreja de Nossa Senhora do Patrocínio ainsi que quelques petits cafés en bas. On arrive maintenant à hauteur de la partie basse du pont, un flot de touristes s’y presse ainsi que beaucoup de voitures et de bus.

Partons sur la droite pour rejoindre les quais, Cais en portugais. On y retrouve une promenade et une place, au bord du Douro, qui sont souvent noir de monde mais c’est vrai que les vieilles maisons aux teintes pastel ou ornées d’azulejos, des carreaux de faïence typiques du Portugal et de l’Espagne, et la vue valent le détour. On y retrouve également des artistes de rue et un grand nombre de cafés et restaurants.

Sur les rives du fleuve, vous pourrez voir de petits bateaux, ce sont les barcos rabelos, des barques à fond plat qui étaient utilisées pour le transport du porto. Je vous conseille de vous perdre dans les petites rues médiévales derrière les quais, elles sont légèrement plus calmes. Si vous souhaitez vous poser et manger dans une tasca, une taverne, vous aurez plus de choix. J’ai testé la Tabernas Dos Fernandes avec sa belle voûte en pierre. J’ai pu y déguster des fèves à la portugaise, un plat mijoté avec donc des fèves, du chorizo et du lard, c’était très bon !

Sé, la cathédrale

est une cathédrale romane fortifiée classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Elle surplombe une partie des ruelles médiévales de Ribeira de par sa situation, puisqu’elle se trouve en haut d’une colline. Elle a été construite au 12ème siècle et remaniée dans le style baroque au 18ème. La façade de la cathédrale est faite de granit originaire de la région. On retrouve 2 tours et des créneaux qui lui donnent des aspects de forteresse. Dès mon arrivée, le cloître m’accueille, ses murs sont décorés d’azulejos du 18ème siècle qui retracent le Cantique des cantiques, à l’étage, la loggia baroque du 17ème vous scotchera également avec ses nombreuses faïences du 18ème qui illustrent la vie de la Vierge.

A l’intérieur de la cathédrale, la nef voûtée en berceau et la rosace rappellent ses origines romano-gothiques. La chapelle du Saint-Sacrement comporte un retable en argent massif datant du 17ème siècle mais on peut également découvrir d’autres chapelles. Une chapelle funéraire gothique accueille la dépouille de João Gordo, un chevalier hospitalier aux ordres du roi Denis Ier. Au fond, le maître-autel est représentatif du baroque portugais. Vous en verrez de ce style dans un très grand nombre d’églises à Porto et dans le reste de la région.

Dans les étages, on peut voir des vêtements et objets destinés aux cérémonies. On peut continuer l’ascension pour se rendre en haut d’une des 2 tours. De là, la vue sur la ville et le Douro est superbe, on est même plus haut que le pont Luís Ier. Sur le parcours, on croise encore des azulejos, qui donnent tellement de charme aux lieux. On apprend que c’est en 1387 que se déroula le mariage de João Ier avec la princesse Philippa de Lancastre dans la cathédrale, leur fils y fût également baptisé en 1394, il s’agit du prince Henri le Navigateur. En sortant, on peut voir un autre bâtiment sur la place, c’est le palais épiscopal qui a été achevé en 1871. Il a ouvert ses portes au public en 2016, vous pourrez peut-être y croiser l’évêque, ses chambres ne se visitent pas, mais il aime apparemment se mêler aux visiteurs.

Gare de São Bento

São Bento se situe non loin de Sé, cette gare de style Beaux-Arts a été mise en service en 1896, l’inauguration du bâtiment voyageurs n’a été faite qu’en 1916. Son nom vient directement de l’ancien couvent qui a été détruit pour construire la gare, “São Bento de Avé Maria”. Le bâtiment voyageurs est d’inspiration française, il est l’œuvre de l’architecte José Marques da Silva. A l’origine, les guichets de vente avaient été oubliés lors de la conception, ils ont dû être placés hors du hall un peu plus tard.

São Bento est une gare de terminus qui est dédiée au trafic régional, elle dessert notamment Braga, Aveiro ou bien encore Coimbra. Elle est également une plateforme d’échange puisqu’elle permet de relier par le train ou le métro une autre gare à Porto, Campanhã. A partir de cette dernière, il est possible d’emprunter des trains de grande ligne. Pour emprunter la ligne D du métro, la seule qui passe là, il faudra traverser la rue et s’engouffrer sous terre. Petit aparté, le métro à Porto est un transport plutôt hybride à mes yeux, entre le métro et le tram selon les sections. Parfois sous terre, comme ici ou dans la grande station de Trindade plus au nord, ou bien en parties aériennes où l’on peut traverser les voies à pied, comme pour le tram. Je me suis mise à l’appeler le “métram” ! 🙂

Si la gare est si prisée des touristes, ce n’est pas seulement parce qu’elle permet de rallier l’aéroport en moins 40 min, c’est aussi surtout pour son hall. Il est orné de plus de 20 000 azulejos réalisés par Jorge Colaço, un peintre portugais. Ils illustrent des scènes majeures de l’histoire portugaise du 13ème au 15ème siècle. On retrouve notamment la prise de Ceuta, une ville espagnole, par Henri le Navigateur en 1415, l’entrée de João Ier dans Porto pour célébrer son mariage ou bien encore la bataille d’Arcos de Valdevez. On peut aussi y voir des scènes de la vie rurale, la cueillette des olives, la fenaison ou bien un moulin à eau. Une frise colorée se trouve sur la partie haute des murs, elle représente l’arrivée du train en campagne. Le plafond du hall porte la mention Douro, qui est la région historique de Porto ainsi que celle du Minho, plus au nord, dont fait partie Braga. Le Minho est le fleuve qui sépare la région historique du même nom de la Galice, une communauté autonome située au nord-ouest de l’Espagne. Ces 2 noms représentent évidemment les liaisons ferroviaires entre ces 2 régions.

Juste à côté de la gare de São Bento se trouve l’église Igreja (cela veut dire église en portugais) dos Congregados avec sa façade ornée d’azulejos. Elle a été construite à la fin du 17ème siècle sur le site d’une ancienne chapelle dédiée à Saint-Antoine. La faïence a été ajoutée au 20ème siècle par Jorge Colaço. A l’intérieur, dans la chapelle de la Sainte-Famille se trouve le tombeau du corps momifié, et richement vêtu, du pape Saint-Clément, le seul pape qui repose loin du Vatican.

La Rue des Fleurs

La Rua das Flores est une des rues les plus typiques du centre historique de Porto. On y retrouve des maisons bourgeoises des années 1800 avec 2 ou 3 étages et des fenêtres caractéristiques ainsi que des balcons en fer forgé. La rue a été ouverte entre 1521 et 1525 sur le terrain des jardins et potagers de l’évêque, d’où le nom. La construction de la rue coïncide avec la fin du privilège d’interdire aux nobles de séjourner dans la ville et de l’augmentation d’une bourgeoisie marchande cultivant le goût des grands palais. La rue a vu défiler nombre de métiers mais on note surtout à l’époque une grande concentration d’orfèvres et de joailliers.

Actuellement, on retrouve des types de boutiques plus classiques ainsi que des décorations de fleurs accrochées aux balcons ce qui égaye la balade. Sur les postes électriques, on croise presque toujours des street arts plutôt discrets car se trouvant près du sol, il faut avoir l’œil. Plus bas dans la rue, je croise le chemin de l’église de la Miséricorde, dont la construction commence en 1559, depuis la rue, on ne peut voir que sa façade, elle est cernée par 2 bâtiments. Juste à côté de l’église se trouve le musée de la Miséricorde. C’est un bâtiment de style baroque, à l’intérieur on retrouve des azulejos bleus et blancs mais également des peintures et de l’art sacré.

Le Palais de la Bourse

Marchons maintenant un peu plus à l’ouest pour aller découvrir le Palais de la Bourse, le Palacio da Bolsa. En chemin, je croise un ancien marché couvert peint en rouge, le marché Ferreira Borges. De nos jours, il a été reconverti en lieu de divertissement et lieu culturel. Juste avant ma visite du Palais de la Bourse, j’ai fait une pause goûter à Coâque, un petit salon de thé spécialisé dans le chocolat et particulièrement les chocolats chauds maison, les pâtisseries sont tout aussi excellentes.

La construction du Palais de la Bourse débute en 1842 et s’étalera jusqu’en 1910. De style néo-classique, il est l’œuvre de l’architecte Joaquim da Costa Lima. En 1832, le cloître du couvent Saint-François est détruit dans un incendie, les ruines furent données par la Reine Marie à une association de commerçants qui décida d’y construire son siège. Cette dernière a été créée en 1833, son but était de régler les différends commerciaux entre ses membres, principalement des négociants en vin. Plus tard, son Code de Commerce s’étend à tous le pays, et ce pour régler des litiges dans tous les corps de métier.

J’ai réservé une visite guidée en français, cela dure environ 30 minutes, le rythme est assez soutenu, à peine le temps de prendre quelques photos, il faut savoir que l’on ne peut y entrer que par petits groupes car le Palais de la Bourse reste le siège de la Chambre de Commerce de Porto. Le guide était très drôle et la visite très intéressante, l’intérieur du bâtiment est superbe, on passe de salles en salles, toutes magnifiques. Le départ est donné dans la cour des Nations. Elle est baignée de lumière grâce à sa verrière, installée tardivement en 1880. En haut, on peut voir 25 armoiries qui représentent les nations avec lesquelles le Portugal entretenaient d’étroites relations commerciales et culturelles. On peut également observer des mosaïques gréco-romaines au sol qui sont inspirées de celles de Pompéi.

On emprunte ensuite le Grand Escalier en granit et en marbre, on croise le chemin de buste de sculpteurs, de lustres en bronze ainsi que de fresques au plafond. On passe devant un petit bureau, qui est le cabinet de Gustave Eiffel. Il a été sobrement meublé, et le guide nous explique qu’il n’a quasiment jamais travaillé dans cette pièce. On marque ensuite un arrêt dans la grande salle du tribunal ou salle des audiences solennelles, décorée de boiseries et de fresques.

Direction la salle du Président, puis la salle dorée qui possède plusieurs usages comme de la gestion administrative, des arbitrages amiables … Elle doit son nom au plafond en stuc décoré de motifs végétaux recouverts de feuilles d’or. Nouvel arrêt à la salle des Assemblées Générales aux murs recouverts de plâtre imitation bois du Brésil. Au dessus de la présidence est sculpté le blason de l’association et au centre de la pièce, un imposant lustre en cristal de Venise.

Le clou de la visite est le salon arabe, une merveille ! On y trouve un riche et fin décor mauresque en stuc recouvert de 20 kg d’or. Il est construit entre 1862 et 1880. L’architecte s’est inspiré de motifs de l’Alhambra de Grenade et les dernières touches finales ne seront apportées qu’en 1910, ce qui marquera l’achèvement total du Palais de la Bourse. Les arabesques, les murs polychromes, les fines colonnes et les vitraux finissent d’émerveiller le visiteur. La pièce possède de belles dimensions et l’on peut y voir un étage, qui ne se visite malheureusement pas. La visite se termine, il est temps de redescendre les escaliers, mais avant de partir, jeter un petit coup d’œil à la Bibliothèque de droit, elle date de 1834, en revanche, on ne peut pas y entrer.

L’église São Francisco

L’église Saint-François, unique rescapée de l’incendie de 1832 dont j’ai parlé plus haut, est située juste derrière le Palais de la Bourse. Cette église gothique construite aux 14ème et 15ème siècles comporte d’importantes décorations baroques datant du 18ème siècle. Les photos ne sont pas autorisées à l’intérieur, bien que tout le monde était en train d’en prendre au smartphone … La nef est décorée d’entrelacs de feuilles et d’angelots, entièrement recouverts à la feuille d’or. Sur la gauche, un arbre de Jessé assez impressionnant.

Juste en face se trouve le musée de l’église, compris dans le billet. On y trouve une collection d’art sacré, des portraits d’évêques ainsi que des œuvres baroques. Au sous-sol se trouvent des catacombes. Les grands personnages de Porto y furent longtemps inhumés, il faut savoir que tous les portugais étaient enterrés dans l’enceinte des églises avant la création des premiers cimetières publics, en 1845. En se promenant devant les pierres tombales, on retrouve des sculptures et des statues ainsi qu’un ossuaire qui est une œuvre d’art à part entière.

En sortant, profitez du quartier, on y trouve de jolies maisons, des cafés, quelques street arts et un tramway. C’est la ligne n°1, elle est surtout dédiée aux touristes puisqu’elle permet de longer le Douro et de rejoindre Passeio Allegre en 30 min, à presque 5 km à l’ouest, au niveau de l’embouchure. Cette ligne n’est pas incluse dans les cartes de transport classiques, il faudra payer en plus pour vous déplacer dans ces rames historiques.

Conclusion

Le quartier de Ribeira est classé à l’Unesco et c’est bien justifié. Ce succès fait qu’il y a beaucoup de touristes et je ne sais pas s’il y a vraiment un moment où cela désempli. Ce n’est pas une raison pour ne pas le découvrir, vous rateriez énormément de choses. Mon coup de cœur est le Palais de la Bourse, mais les églises sont assez impressionnantes aussi. Les quais sont très jolis mais j’ai encore plus aimé me balader dans les petites rues. J’ai aussi beaucoup aimé les Escadas do Codeçal, un Porto plus authentique avec ses bâtiments dont certains sont abandonnés et tagués et un chemin qui fait chauffer les mollets, tout comme le reste de Ribeira. Les façades d’azulejos, que cela soit sur les maisons ou les églises, sont un régal ! Une mention spéciale pour le pont Luís Ier, une superbe réalisation qui offre la plus belle vue sur Porto. Etes-vous déjà allés à Porto ? Qu’avez-vous pensé du quartier de Ribeira ? 🙂

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