Le Nord de la Charente, entre art roman et architecture médiévale

L’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe

L’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe est une ancienne abbaye bénédictine, vieille de plus de 1 000 ans. Elle est mentionnée dès 988 mais elle a été reconstruite aux 11ème et 12ème siècles grâce aux généreux dons des comtes d’Angoulême. Son nom lui vient de l’ermite Amant qui l’aurait fondé au 6ème siècle dans la forêt de la Boixe.

On commence la visite par l’église, classée aux Monuments Historiques depuis 1840. Sa superbe façade pleine de détails nous accueille, des traces de polychromies ont été retrouvées dans une arcade. A l’intérieur, il y a plusieurs statues dont certaines encore peintes. L’édifice est long de 54 mètres tandis que sous la coupole, sa hauteur est de 22 mètres.

L’œil est attiré par plusieurs choses, tout d’abord par une lueur bleutée qui se dégage du fond de l’église, due à la teinte de ses vitraux et par une impression que la construction n’est pas droite dans sa longueur. Vous ne rêvez pas, le chœur a quelques degrés de décalage avec la nef. Dans le bras sud du transept, on peut voir des peintures bien conservées sous forme de fresques et sous la coupole, on peut trouver de petites plaques avec les noms des cloches de l’église.

Pour continuer le parcours, on ressort de l’édifice et on entre dans un espace dédié à des expositions temporaires. Plus loin, on arrive dans l’ancien réfectoire des moines, l’espace a été reconverti en musée, il présente la vie des moines et des bâtisseurs romans. De nombreuses explications et maquettes ludiques sont là pour vous éclairer sur les techniques de construction. Sous le réfectoire se trouve un cellier. Plus loin, une mezzanine nous propose de découvrir des livres anciens, de petits objets ou bien encore un Christ en croix du 16ème siècle. Il a été trouvé lors des fouilles archéologiques de la crypte en 2003. On peut encore y voir des traces de polychromies, de peinture donc, il a d’ailleurs a été classé en 2007.

On termine la balade par le superbe cloître, lieu de vie et de prière. Une fontaine claustrale a existé, les moines y faisaient leurs ablutions. Au 12ème siècle, des colonnades sont ajoutées puis survient un incendie, les galeries du cloître sont réédifiées et d’autres restaurations ont lieu suite aux guerres de religion. Des expositions temporaires décorent parfois les lieux, cela permet de donner l’occasion de s’attarder encore un peu plus dans le cloître. Pour les 9-12 ans, une application propose de découvrir l’abbaye au travers de diverses énigmes et l’on peut retrouver tout au long de l’année, des visites guidées, des spectacles et des concerts.

Flâner à Tusson

Tusson est une commune du nord de la Charente, elle compte environ 230 habitants. Le développement du village démarre dès le 12ème siècle avec notamment la construction d’un prieuré fontevriste, un ordre religieux fondé par le moine et ermite Robert d’Arbrissel. Au cours de la Renaissance, Marguerite d’Angoulême, la sœur de François Ier, s’y rend à plusieurs reprises. La vigne, le cognac et les grandes foires continuèrent de forger la réputation de la commune.

De nos jours, on y retrouve un grand nombre d’artistes, ateliers et autres galeries. On peut s’initier à l’art du vitrail, à la céramique ou bien encore à la sculpture. En flânant dans les rues, on remarque de vieilles enseignes en fer forgé ainsi que des œuvres disséminées un peu partout.

Il y a de beaux monuments à voir comme l’ancien prieuré fontevriste, celui des hommes uniquement, qui date des 12ème et 19ème siècles, les ruines de l’église des Dames dont il ne subsiste plus qu’une partie d’une tour quadrangulaire du 14ème siècle. Vous pourrez également voir une ancienne boucherie à la devanture Art Déco, des maisons médiévales, un ancien temple protestant ou bien encore l’église Saint-Jacques datant du 13ème siècle, reconstruite au 15ème et comportant des peintures murales contemporaines.

Dans la maison du patrimoine, l’ancien logis de Marguerite d’Angoulême, vous pourrez voir des expositions temporaires mais aussi des pièces décorées avec des meubles anciens. Le but est de montrer comment étaient organisées les maisons, les objets qui s’y trouvaient ainsi que de présenter les traditions. Petite curiosité, cet objet en bois fixé au plafond qui permettait au pain de ne pas être mangé par d’indésirables visiteurs.

Pour faire une pause, il existe plusieurs lieux pour se restaurer. Mon coup de cœur est le salon de thé “Gâteaux” tenu par une écossaise. Elle propose également des fleurs coupées qui décorent joliment son établissement. Ancienne prof de chimie, elle sait doser à la perfection les ingrédients avec une petite touche en plus qui donne des saveurs et des associations délicieuses. Les gâteaux sont présentés sous cloche ce qui donne un petit côté anglais très raffiné.

Avant de partir, ne loupez pas les tumulus, situés à l’est du centre-ville, ce sont des amas artificiels de terre ou de pierre que l’on élevait au-dessus d’une sépulture, ils datent du néolithique. Ils sont au nombre de 4, le tumulus de la Justice, du Petit Dognon, du Gros Dognon et du Breuil, et sont tous classés. Un 5ème, celui du Magnou, se trouve à environ 600 mètres des 4 autres.

Un parcours Tèrra Aventura (géocaching) est disponible à Tusson (2,5 km – 1h/2h – A pied – Difficulté des énigmes 3/5 – Difficulté du terrain 2/5 – Badge à récupérer : Zacquet)

Cimetière médiéval de Ligné

Toujours à l’est de Tusson, continuez votre route, après la visite des tumulus, sur la D61 pour arriver, 2 ou 3 km après, au cimetière médiéval de Ligné. On y trouve 70 pierres tombales situées à côté d’un parking et en accès libre, elles datent des 12ème et 13ème siècles. Elles se présentent sous 3 formes en usage à cette époque, pierres plates, triangulaires et trapézoïdales. Certaines tombes pourraient être des sépultures de templiers, mais cela n’est pas attesté.

Si vous êtes intéressés par les sites mégalithiques, sachez que dans le nord de la Charente on en retrouve une concentration notable. Il y a des tumulus mais également des dolmens. Ces derniers se retrouvent aussi dans l’ouest du département. Vous pourrez en trouver une liste via ce lien.

Balade à Saint-Groux

Saint-Groux est une petite commune située au sud-est de Tusson et Ligné nichée dans un méandre de la Charente. Elle est située à 28 km au nord d’Angoulême, à 2 km de la N10, un axe majeur du département. Saint-Groux est une étape très plaisante pour des balades au calme, la nature y est présente partout.

La Charente forme de nombreuses îles à Saint-Groux et possède un bras appelé l’Etouyer. On y trouve l’île des anguillards, du nom d’une pêcherie d’anguilles. En effet, sur la Charente, la pêche à l’anguille est pratiquée depuis des siècles. Vous pourrez y voir exposé un casier à anguilles, la pêche a toujours lieu mais elle est réglementée pour assurer le renouvellement de cette espèce devenue rare. Cette espèce fait d’ailleurs le parcours inverse des poissons migrateurs comme le saumon, elle se reproduit en mer.

La prairie longeant la Charente a été aménagée en un parc, on peut y évoluer grâce à des ponts. Vous pourrez également y voir l’église paroissiale qui possède un clocher-mur, qui est un élément architectural vertical et plat, placé en haut ou l’avant d’un édifice pour accueillir les cloches. A noter, un petit pont estampillé Eiffel au dessus de la Charente, près d’îles très agréables à parcourir pour des balades tranquilles, on trouve aussi plusieurs circuits de randonnée.

A Saint-Groux, il existe des vestiges notables. Une voie romaine qui allait de Chassenon à La Terne, sert de limite sud à la commune tandis qu’au sud, une sépulture mérovingienne a été mise au jour. Autre vestige plus récent, un portail, seul rescapé d’une église primitive du 11ème siècle.

Un parcours Tèrra Aventura (géocaching) est disponible à Saint-Groux (3,5 km – 1h/2h – A pied – Difficulté des énigmes 3/5 – Difficulté du terrain 2/5 – Badge à récupérer : Zahan)