Les thermes de Cassinomagus, des vestiges gallo-romains à Chassenon en Charente

Dans cet article, je vous propose de visiter un important site gallo-romain, les thermes de Cassinomagus, du nom d’une ancienne cité. Ils se situent sur la commune de Chassenon dans le département de la Charente. Leur taille est impressionnante mais la qualité des vestiges l’est tout autant, alors en route ! 🙂

Accueil et exposition

Situé sur la commune de Chassenon dans l’est de la Charente, Cassinomagus est le nom d’une agglomération secondaire gallo-romaine de 130 ha. Son nom viendrait du gaulois “cassano” qui veut dire “chêne” et de “mago” qui lui veut dire “marché”, soit donc le “marché aux chênes”. Les thermes sont les bâtiments les mieux conservés d’un ensemble qui comprenait également un temple ainsi qu’un théâtre, voici une reconstitution fournie par le site de Cassinomagus. On retrouve Angoulême à 60 km au sud-ouest et Limoges à 45 à l’est.

La construction des thermes remonte au 2ème siècle, sur près de 12 500 m² et seront utilisés jusqu’à la fin du 3ème siècle comme bains publics, moment où un incendie les a détruit. Suite à cela, ils seront abandonnés et disparaîtront progressivement sous une accumulation de terre. En 1958, un passionné d’histoire, M. Moreau, les mettra au jour et les dégagera sur près de 30 ans. On retrouve dans les constructions, un grand nombre d’impactite, une roche qui a été modifiée par l’impact d’une météorite, issue du site de Rochechouart-Chassenon, entre la Charente et la Haute-Vienne, qui remonte à environ 200 millions d’années. La météorite devait faire 1,5 km de diamètre tandis que le cratère fait lui 20 km de diamètre.

La visite peut se faire guidée, ou bien libre, prévoyez au moins 1h30. Si vous optez pour une visite libre, à votre rythme, vous pourrez tout de même obtenir des indications sur les lieux grâce à un audioguide, qui n’est pas obligatoire, mais de toute façon compris dans le prix du billet. On arrive par la boutique puis on continue via un espace d’exposition qui nous présente divers objets récupérés lors des fouilles. On y apprend que Jean-Henri Moreau, un libraire de La Rochelle, obtient l’autorisation de reprendre les fouilles sur le lieu-dit de Longeas à Chassenon, qui avaient été initiées par l’abbé Michon en 1844.

Les extérieurs

En sortant de l’accueil, on croise tout d’abord une frise qui présente tous les sites historiques que l’on peut retrouver sur le département de la Charente. Que vous soyez passionnés par la préhistoire, l’époque gallo-romaine ou bien encore le Moyen-Âge, vous trouverez forcément un site à découvrir. Au loin, on voit les thermes, recouverts par un toit pour sa conservation, mais on devine que l’ensemble est imposant.

En chemin, ne loupez pas la zone dédiée aux jeux romains. On peut s’essayer au jeu du delta par exemple, avec un plateau incliné en forme de pyramide, on doit y lancer des palets et faire le plus de points possible. On retrouve aussi le jeu des latroncules, qui ressemble, au premier abord, aux dames. Les règles diffèrent et il existe pas mal de variantes. Comme pour les autres jeux, les règles sont expliquées via des panneaux.

Plus loin, les carrés de fouilles sont un espace dédié à l’initiation et à la réalisation d’ateliers. Un labyrinthe ouvert l’été est proposé, il se situe à côté de l’emplacement du temple aujourd’hui détruit. Un panneau retrace l’histoire de ce dernier qui mesurait tout de même 30 mètres de haut, quel dommage de ne plus pouvoir le voir de nos jours. Un jardin et une ferme se visitent également librement, voilà qui devrait compléter votre balade.

Visite des thermes

La cité a été construite au carrefour de grandes voies romaines, la Via Agrippa, qui reliait Saintes à Lyon et une autre qui reliait Périgueux à Poitiers. Les thermes sont parmi les plus importants de Gaule et leur conception en fait un monument rare. Ils comportaient 2 niveaux, un technique, réservé au personnel, et l’autre dédié aux usagers. Contrairement à l’usage qui avait cours à l’époque, la circulation à l’intérieur des thermes se faisait du centre vers les extrémités du site via 2 itinéraires. Dans la partie sud, il y avait un circuit thérapeutique et dans la partie nord, un circuit hygiénique.

Les thermes ont été utilisés pendant près de 2 siècles et sont extrêmement bien conservés, par endroits, on peut encore observer des murs de plus de 7 mètres de haut. La construction des thermes s’étale sur environ 90 ans, plusieurs étapes sont réalisées, d’abord le sol est creusé, puis des salles de soutènements sont réalisées pour rattraper la pente du terrain. Les murs porteurs viennent ensuite, puis les aménagements intérieurs comme les différents bassins.

On y retrouvait des caldarium, des salles chaudes et humides comparables aux hammams, et des sudatio, des salles chaudes et sèches qui ressemblent aux saunas. Des frigidarium, des salles non chauffées, étaient utilisées pour refroidir le corps. Les thermes proposaient également un gymnase pour faire du sport et un tépidarium, une salle tiède de transition qui était dédiée au repos et aux discussions. On pouvait aussi aller à l’unctorium, une salle consacrée aux soins, massages et nettoyage du corps y étaient proposés. La chaleur se diffusait grâce à un système sous le sol, c’est le principe de l’hypocauste.

Balade à Chassenon

S’il vous reste un peu de temps après la visite, n’hésitez pas à vous balader dans le centre de Chassenon. Cette petite commune de la Charente limousine abrite un peu moins de 900 habitants. On y trouve de jolies maisons, dont certaines ont été fabriquées avec de l’impactite, tout comme l’église Saint-Jean-Baptiste qui date du 14ème siècle.

Petite anecdote qui peut surprendre, une des cibles d’analyse de la sonde Curiosity sur la planète Mars a été baptisée Chassenon en hommage au cratère situé dans le secteur. Vous pourrez aussi vous balader dans la réserve naturelle nationale de l’astroblème de Rochechouart-Chassenon qui a été créée en 2008 pour protéger plusieurs sites en rapport avec le cratère et l’impact de la météorite.

Un parcours Tèrra Aventura (géocaching) est disponible à Chassenon (2 km – 1/2h – A pied – Difficulté des énigmes 2/5 – Difficulté du terrain 1/5 – Badge à récupérer : Zigomatix)

Conclusion

Le site gallo-romain de Cassinomagus est impressionnant, tout d’abord par sa taille, mais également pour la qualité de ses vestiges. J’ai aimé y déambuler tranquillement, j’y suis allée un week-end au mois d’avril. Les extérieurs sont assez grands pour que l’on puisse y circuler sans se marcher dessus, loin de là. Les jeux romains m’ont beaucoup plu, ils sont variés et les règles sont intéressantes. J’aurai aimé voir le temple encore debout, mais malheureusement, j’ai quelques siècles de retard ! Beaucoup d’activités pour les enfants sont proposées et l’espace à l’accueil qui présente des objets trouvés lors des fouilles est très bien fourni. On y trouve aussi des maquettes qui permettent de se rendre compte de la taille du site. Un point restauration est disponible ainsi qu’une boutique. Et vous, connaissez vous cet important site gallo-romain ? En connaissez vous d’autres dans la région ? Pour aller plus loin, je vous conseille un autre site gallo-romain d’importance dans le nord-ouest du département, le théâtre des Bouchauds. 🙂

#En France Aussi

Cet article a été rédigé dans le cadre du collectif interblogueurs “En France Aussi” qui fait la promotion de notre beau pays. Le thème du mois était “ruines, vestiges, sites archéologiques”, piloté par Madeline du site “Jeune et affamée” !

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